Le vote utile, un discours dangereux qui affaiblit la démocratie

Imaginez.
Vous avez mangé des pommes jusqu'à l'écœurement. Des rouges, des jaunes, des vertes. Des farineuses et des fermes. En compote. En salade. En dessert.
Vous frôlez l'indigestion.

Et là, vous êtes conviés à un dîner avec pas mal de monde. On vous propose le choix entre une pomme (il y en a beaucoup) et une poire (il n'y en a que quelques-unes). Vous adorez les poires.

Que faites-vous ? Allez-vous faire entendre votre voix pour tenter d'obtenir une poire ou allez-vous avaler une pomme à contre-cœur ?

Je parie que vous allez tenter d'avoir une poire, non ?

Pourtant, beaucoup de politiciens essaieraient de vous persuader de choisir une pomme. Leur argument : il y en a de toutes les formes et de toutes les couleurs. Et puis, vous ne pouvez quand même pas leur faire l'affront de comparer une jonagold et une granny smith, non ?

En Europe, les partis socialistes se sont convertis au néolibéralisme, cette idéologie qui veut imposer la loi du marché dans tous les domaines de la vie et qui a généré de nombreux problèmes sociaux et environnementaux.

Pourtant, même les organismes tels qui en avaient fait la promotion hier, tels que le FMI, doutent à présent de l'inefficacité des politiques néolibérales

En s'éloignant ainsi de leur idéologie initiale, les partis socialistes européens donnent l'impression d'avoir trahi les couches populaires qu'ils se targuaient de défendre.

Aujourd'hui, différentes formations politiques émergent à gauche sur un paradigme commun : la rupture avec le néolibéralisme. Cela remobilise une partie des électeurs déçus par la gauche traditionnelle, devenue centriste.

Et quelle est la réaction de cette dernière ? Que le seul vote utile des classes populaires est un vote pour elle. Que c'est le seul moyen de faire barrage à la droite dont elle a pourtant adopté certaines politiques. Plutôt que de se remettre en question, elle se livre à un chantage.

En d'autres termes, elle vous persuade qu'il vaut mieux voter pour quelque chose dont vous ne voulez pas - le néolibéralisme - et l'obtenir sous une forme plus douce plutôt que d'être positif et de voter pour ce que vous voulez - une vraie gauche qui défend les couches populaires.

Tout ceci est non seulement absurde mais aussi particulièrement dangereux.

Le petit schéma ci-dessous permet d'expliquer par exemple comment un parti tel que la N-VA est arrivée au pouvoir en Belgique, un parti dont certains membres ont des affinités historiques avec les milieux néonazis.
Édifiant et effrayant aussi.