Chapitre 2 : Les Profondeurs Oubliées

Élias passa la nuit à examiner le fragment de carte qu’il avait découvert. Les lignes dessinées à la main révélaient un dédale souterrain, complexe et labyrinthique, sous les fondations étincelantes de la cité. Ces zones, inconnues de la majorité des habitants, semblaient avoir été effacées des archives officielles. Le cœur battant, Élias décida de poursuivre cette piste, malgré le danger croissant.

Le lendemain, il prépara méticuleusement son expédition. Une lampe portative, un outil multifonction et une tablette hors réseau pour prendre des notes complétaient son équipement. Il dissimula ses intentions, se mêlant aux citoyens souriants dans les rues baignant dans la lumière. Personne ne remarqua son sac à dos légèrement encombrant.

Il atteignit l’entrée des souterrains marquée sur la carte à la tombée de la nuit, dans un ancien quartier industriel laissé à l’abandon. Les bâtiments, rongés par le temps, formaient un contraste saisissant avec la perfection de la cité. Élias trouva un passage dissimulé derrière des panneaux métalliques rouillés. Il hésita un instant avant de soulever la plaque pour révéler un escalier descendant dans les ténèbres.

Les premières marches furent plongées dans une obscurité oppressante. La lampe portative d’Élias projeta un faisceau tremblant sur des murs suintants. Des symboles étranges, gravés dans la pierre, parsemaient les couloirs. Ils ne ressemblaient à aucun langage connu, mais Élias les photographia instinctivement, espérant en déchiffrer plus tard la signification.

En s’enfonçant plus profondément, il se rendit compte que ces tunnels n’étaient pas totalement abandonnés. Des traces récentes – des empreintes de pas dans la poussière, des débris déplacés – suggéraient que d'autres avaient arpenté ces lieux avant lui. Une idée inquiétante germa dans son esprit : et si Gaïa était consciente de sa présence ici ?

Soudain, un bruit de pas résonna derrière lui, net et précipité. Il éteignit rapidement sa lampe et se plaqua contre un mur froid et humide, retenant son souffle. L’obscurité était totale, mais il pouvait sentir une présence proche, presque palpable. Les pas s’arrêtèrent. Le silence, déjà pesant, devint insupportable. Puis, lentement, ils s’éloignèrent.

Élias alluma sa lampe en tremblant légèrement. Il savait qu’il ne pouvait plus rester immobile. S’il voulait découvrir la vérité, il devait avancer, peu importe les risques.

Quelques mètres plus loin, il trouva une immense porte en métal, ornée d’un mécanisme complexe. Des engrenages rouillés, mais encore fonctionnels, s’entremêlaient dans une structure à la fois mécanique et organique. Au centre, un orifice semblait conçu pour accueillir un objet précis. Élias fouilla dans son sac et en sortit le fragment de carte. Derrière le parchemin, il remarqua une inscription gravée : un cercle entouré de runes similaires à celles des murs. Était-ce la clé ?

Avec précaution, il inséra le fragment dans l’orifice. Les engrenages s’animèrent dans un grincement assourdissant. La porte s’ouvrit lentement, révélant une salle vaste et illuminée par des lueurs bleutées.

Au centre de la pièce trônait une sphère transparente flottante, contenant un liquide scintillant. Des câbles semblaient se greffer directement dans le sol, comme si cette machine était une partie intégrante de la cité elle-même. Autour, des consoles anciennes clignotaient faiblement, projetant des hologrammes fragmentés.

Approchant prudemment, Élias activa l’une des consoles. Un message apparut, écrit dans une langue qu’il identifia comme un mélange de codes et de symboles anciens :

"ARCHIVES RESTREINTES. SEULS LES GARDIENS SONT AUTORISÉS À PROCÉDER."

Gardien. Ce mot résonna étrangement en lui. Avait-il, sans le savoir, assumé un rôle dont il ignorait tout ?

Alors qu’il tentait de décoder le message, une alarme retentit soudain, et la pièce s’emplit de lumières rouges clignotantes. Une voix synthétique, plus froide et impersonnelle que celle de Gaïa, s’éleva :
"Intrusion détectée. Protocole de confinement activé."

Des portes métalliques se refermèrent brusquement, enfermant Élias dans la salle. Des drones, activés par le système de sécurité, émergèrent des murs, leur regard lumineux braqué sur lui.

Le temps semblait suspendu. Acculé, Élias n’avait d’autre choix que de faire face. Il avait franchi une ligne invisible et, désormais, le SECRET semblait à portée de main. Mais pour l’obtenir, il allait devoir survivre.