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RE: La valeur financière des bitcoins

Certes, mais ...

  1. on ne peut pas magiquement inventer de la valeur, elle procède d'un effort, d'un travail qui à pu être fait dans le passé, possiblement par quelqu'un d'autre. S'il ont 5000€, il pourront obtenir un revenu de base de 60€ /mois . C'est moins impressionnant, mais c'est mathématique. S'ils commencent avec 0€, alors ils pourront obtenir un revenu de base de 1 000 000 de tokens X par mois, sauf que ces tokens vaudront, en l'absence d'un travail leur conférant de la valeur, 0€
  2. Les étudiants ont souvent des parents et des grands-parents qui eux pourraient avoir 50 000e pour leurs progéniture
Sort:  

on ne peut pas magiquement inventer de la valeur

Le Bitcoin est la preuve que si. Le $ et l'€ aussi.
La BCE et la Fed créent magiquement de la valeur tous les trimestres.
https://www.creationmonetaire.info/
Voir la Théorie relative de la monnaie pour plus de détails
https://trm.creationmonetaire.info/

Je vois les choses différemment.

Derrière la valeur du bitcoin il y a de la vraie activité, du vrai travail: il y a au tout début un ou plusieurs gens qui ont codé et qui codent, il y a des gens qui ont développé des ASICs pour le mining, des gens qui bossent tous les jours dans les usines qui produisent les ASICs et qui assemblent les "miners", des réseaux de distribution et de vente de ces "miners", des gens qui ont investi de millions pour obtenir des espaces et construire des hangars pour y placer le "miners" par centaines voir par milliers, il y a ceux qui produisent l'électricité pour faire tourner les miners (même AVANT de parler de l'excès d'électricité consommé par le PoW), il y a tous les exchanges qui ont permis aux utilisateurs du bitcoin d'avoir des on-ramps avec les monnaies classiques, il y a énormément de travail qui peut être vu comme une vraie économie du bitcoin - l'univers crypto tout entier s'appuie dessus et conceptuellement c'est comme une extension, un "second layer" qui n'aurait pas pu exister si l'empreinte de l'écosystème bitcoin dans l'économie précédente n'avait pas été aussi importante.

Le fait que tout cet écosystème, toute cette économie, d'abord du Bitcoin, ensuite de l'ether et après du reste des crypto existe et fonctionne correctement avec des règles prévisibles depuis tant d'années a permis une accumulation de confiance collective qui donne de la valeur.

Mais la source de cette valeur n'est pas magique, la source est le travail d'abord, la collaboration ensuite.

De même avec l'euro et le dollar. Il ne faut pas se tromper, aucune monnaie n'existait avant le travail et le besoin / l'intérêt d'échanger avec les autres. D'abord il y a un travail, ensuite un besoin ou un intérêt à échanger. Et lorsqu'on arrive à ça, alors on invente une unité de compte et un moyen d'échange. Historiquement, en Afrique, du sel. Dans les guerres, les cigarettes.

Dans un second temps, on se dit que c'est encore mieux si cette unité de compte et moyen d'échange puisse aussi stocker de la valeur dans le temps, alors on cherche quelque chose qui puisse faire aussi "préservation de valeur" (ni le sel ni les cigarettes ne sont pas très aptes) et on arrive à battre monnaie avec des métaux précieux. Et seulement ensuite, quand tout le monde commence à se faire confiance, on peut arriver à remplacer le métal précieux par de la pure confiance. Mais je suis persuadé qu'on ne peut pas sauter les étapes ou inverser l'ordre. La confiance n'apparait pas par magie.

Mais la source de cette valeur n'est pas magique, la source est le travail d'abord, la collaboration ensuite.

La perte de 500 milliards de valeur des cryptos en quelques jours montre bien que le travail n'a rien a voir la dedans.

aucune monnaie n'existait avant le travail

Je crois comme David Graeber (
Debt: The First 5000 Years) que la monnaie a surtout été développée pour collecter l'impôt et asservir les populations.

Le bitcoin propose un nouveau model économique ou la création monaitaire est décentralisée. Nous sommes probablement encore très loin de mesurer toutes les conséquences de ce modèle.

La perte de 500 milliards de valeur des cryptos en quelques jours montre bien que le travail n'a rien a voir la dedans.

Pas de mon avis, mon impression c'est que vous confondez "valeur" et "perception de la valeur à un instant donné". La valeur a été crée par le travail. La perception de cette valeur est soumise aux changement d'humeur et aux évolutions en tout genre. Le fait qu'un certain effort peut être perçu comme ayant pus de valeur hier qu'aujourd'hui (ou demain) n'implique pas qu'on peut décréter que quelque chose a de la valeur ni que l'on peut créer de la valeur magiquement.

Je crois comme David Graeber (Debt: The First 5000 Years) que la monnaie a surtout été développée pour collecter l'impôt et asservir les populations.

Je n'ai pas lu ce livre (j'ai entendu parler) donc je ne peux pas argumenter. Cependant mon expérience m'a appris que tout compte fait c'est pas plus mal. Y'a du bon et du mauvais dans "l'asservissement des populations". Et puis les français adorent payer de l'impôt. En écoutant France Inter (première radio de France tout de même) on dirait que pour les français, plus il y a d'impôts, mieux c'est et que le seul regret qu'ils ont est que les impôts ne sont pas à 100%. On dirait que la population veut être asservie, elle supplie pour être asservie ... alors voilà ...

Dire "aujourd'hui la BCE et la Fed créent magiquement de la valeur" est problématique à double titre.

  1. Ca ignore comment on est arrivé là, ce qui est, selon moi, très naïf. Oui, peut-être que la BCE et la Fed créent magiquement de la valeur tous les trimestres, mais il ne s'ensuit pas, loin s'en faut, que tout le monde peut s'arroger ce droit, que n'importe qui peut décider de devenir la BCE ou la Fed. C'est un peu comme dire "Nadal a gagné 13 fois Roland Garros, alors il suffit que je prenne une raquette de tennis dans la main et sur je m'inscrive et je pourrai faire pareil que lui!"
  2. Un autre problème est qu'on peut argumenter que la valeur est créé dans les économies de la zone euro et du monde (qui utilise le $) et la BCE et la Fed ne font qu'accompagner (avec du retard parfois mais plus souvent en extrapolant et en prenant de l'avance) cette création de valeur économique sous-jacente et font apparaître un support pour soutenir les échanges et les interactions économiques: la monnaie. Mais la monnaie est une représentation de la valeur, pas la valeur elle même.

Les cinq cents plus grosses fortunes de France on été multipliées par 2 en dix ans, il est effectivement important de se poser la question "Comment nous en sommes arrivé là" sans naïveté. Ca à quand même un petit côté magique, non? Qui crée de la valeur et comment on la redistribue équitablement pour éviter que le niveau de violence dans la société ne devienne insoutenable, c'est le fond du débat, je crois.

Les cinq cents plus grosses fortunes de France on été multipliées par 2 en dix ans,

Ah, voilà, on retrouve bien la jalousie, l'envie et la convoitise bien françaises ! 😄

il est effectivement important de se poser la question "Comment nous en sommes arrivé là" sans naïveté.

Non, je ne crois pas que ce soit important, loin s'en faut. Mais je ne suis pas français de souche, seulement naturalisé. Je crois qu'il est plus important de regarder si le système permet à des gens méritants de monter dans la société (le fameux "ascenseur social"). Après, la fortune n'est pas un jeu à somme nulle, le fait que les 500 plus grosses fortunes de France ont été multipliées par 2 ne me rend pas nécessairement ni moi, ni d'autres, plus pauvre(s). Il y a création monétaire et création de valeur. Je ne pense pas que la jalousie, l'envie et la convoitise soient les meilleurs moteurs dans une société.

Qui crée de la valeur et comment on la redistribue équitablement pour éviter que le niveau de violence dans la société ne devienne insoutenable, c'est le fond du débat, je crois.

Oui, mais je ne fais pas forcément un rapport entre ça et le fait que "Les cinq cents plus grosses fortunes de France ont été multipliées par 2 en dix ans". Je ne veux pas redistribuer leur fortune, je n'estime pas qu'ils sont "coupables jusqu'à la preuve du contraire" ("présomption de culpabilité") comme le fisc français et d'ailleurs comme toute la société française qui est bâtie sur l'envie et la convoitise de ce que l'autre a réussi à faire, plutôt que sur des sentiments plus positifs ... Qu'il gardent leur fortune, qu'ils la multiplient encore par 10 du moment que cela est le reflet d'une économie florissante dans laquelle tout le monde peut prospérer, même si mathématiquement les plus pauvres vont moins bénéficier (ce qui est normal). Pour qu'une économie et une société prospèrent, il faut encourager la compétence et l'excellence. Or cela a justement comme conséquence mathématique un accroissement des inégalités. "It's not a bug, it's a feature".

Si on veut moins d'inégalités, alors au bout du chemin on trouvera la Roumanie de Ceausescu qui encourageait non pas la compétence et l'excellence mais la fainéantise et l'ignorance - en effet, si nous sommes tous à égalité, pourquoi se fouler, pourquoi est-ce qu'on se péterait une veine du front ?

Il est important de réaliser à quoi ressemble "la victoire" dans la lutte contre les inégalités, qu'est-ce qu'il y a "au bout du chemin". Au bout du chemin il y a l'USSR de Gorbatchev, la Roumanie de Ceausescu, le Vénézuela de Maduro, la ruine commune.