Ethereum, la blockchain pour tous

La blockchain Ethereum affirme être "ouverte à tous" et que "seulement un portemonnaie est nécessaire pour participer". Elle affirme également fournir un "accès libre à de l'argent numérique" et à "des milliers d'applications que vous pouvez utiliser aujourd'hui".
Je décide de mener des investigations afin de vérifier ces affirmations.
Jour 1 :
J’ai déjà, il y a quelque mois, présenté un exposé sur la blockchain Ethereum. Je connais donc le chemin. La blockchain me promet d’être « la clé vers mon futur numérique » et il ne me reste qu’à trouver un portemonnaie.
Je me retrouve alors dans l’univers d’Alice au pays des merveilles, un arc en ciel et un joli petit renard m’accueillent. A défaut d’un lapin blanc, je décide de suivre le renard dans son terrier.
Et…our services aren’t available right now. Je vais devoir patienter pour rencontrer mon futur numérique. Ce n’est pas grave, il me reste l’arc-en-ciel. Mais j’ai mal lu et je ne peux l’installer que sur un téléphone portable et je travaille sur mon ordinateur. Comme prévu, l’avenir de la finance numérique sera sur téléphone. En effet, dans certains pays les gens ont plus facilement accès à internet via leur téléphone qu’à un compte bancaire classique.
Je décide néanmoins d’examiner les autorisations nécessaires pour l’installation. Elles sont sensiblement les mêmes que toutes les applications. J’imagine que l’arc-en-ciel fera bon usage de mes données personnelles.
Mais d’autres obligations m’appellent, mon futur numérique patientera jusqu’à demain. Mais, je peux déjà conclure qu’un portemonnaie et de la patience sont nécessaires pour participer.
Jour 2 :
Il faut que j’installe un portemonnaie sur ma machine mais les choix restants sont plus austères. Je choisis un nom neutre MyCrypto parce que l’icône me sourit. Il y a une version de démonstration et je peux simuler un transfert d’Ether sur un autre compte. L’application me prévient que les frais de transactions sont plus élevés que le montant du transfert. Mince… Il y a un lien vers des explications : les coûts de transactions sont en Ether et puisque la cryptomonnaie a pris beaucoup de valeurs (en $), transférer de l’argent coûte donc plus cher. Pour y remédier l’application me conseille de sortir faire (un long) tour et d’admirer les arbres (Pendant plusieurs années ?)
Enfin, j’ai installé l’application sur mon ordinateur. Je suis tout de suite prévenu :
Lisez bien ce qui suit, vous pourriez être victime de vol et vous perdriez tout. Très rassurant.
Un petit insert comparatif banque versus crypto, suivi d’un avertissement (encore un) sur leurs compétences, des recommandations et un petit dernier avec une bouteille de champagne et des liens commerciaux (entre 150 et 300€ le moindre objet). Mais encore une fois d’autres obligations m’appellent.
Bilan du jour : « Seulement un portemonnaie est nécessaire pour participer » et aussi du temps et de l’argent.
Jour 3 : « Un portemonnaie vide est un portemonnaie triste », je ne peux qu’être d’accord avec cette affirmation. Je ne rêvais pas de me retrouver à la tête d’une fortune en Ether ou Bitcoin simplement parce que j’avais ouvert un portemonnaie. Mais tout de même, après tant d’efforts, 0 ETH…
Que faire de mes 0 ETH ? Je visite les fonctionnalités de mon portemonnaie. Je peux acheter de l’ETH ou toute une liste de cryptomonnaies. Je peux transférer de l’argent (si j’en avais) mais avec des frais.
Il faut bien comprendre ici que les frais ne viennent pas de l’application choisie (« No fees added » garanti l’application) mais de la blockchain elle-même. Sur Ethereum, toute exécution de smart contract consomme du « gas ». Quelqu’un, quelque part, a travaillé et sera rémunéré pour son travail.
J’ai aussi accès aux smart contracts disponibles sur la blockchain. Je suppose que comme mon portefeuille est vide, je ne peux pas consulter tous les contrats et je n’ai que les fonctionnalités basiques. Malgré une rapide formation en solidity, un des langages utilisés sur la blockchain Ethereum, je ne comprends pas grand-chose aux contrats auxquels j’ai accès.
Bilan du jour : « Seulement un portemonnaie est nécessaire pour participer » et aussi du temps, de l’argent et une formation en solidity.
Jour 4 : C’est le moment du bilan. Je n’ai pas l’intention d’investir des euros dans la blockchain Ethereum. Mon portemonnaie restera à 0 ETH pendant un long moment, le temps de voir pousser les arbres comme l’annonce l’aide de MyCrypto.
Mais je n’ai toujours répondu aux questions qui m’étaient posées. Si tout le monde, plutôt ceux qui possèdent un ordinateur ou un smart phone et une connexion internet, peut créer un portemonnaie après quelques minutes de recherche, l’accès libre à de l’argent numérique est plus problématique.
Comme je l’ai dit précédemment, des milliards de personnes n’ont pas de compte bancaire. Internet et son accès sont pratiquement disponible partout. Les smart phone de seconde main sont vendus à des prix raisonnables. L’accès aux cryptomonnaies est donc devenu plus simple que l’accès à un compte bancaire. Il y a, ici, la place pour rendre accessible à tous l’argent numérique. Mais la présence de frais pour toute action (transfert d’argent et/ou exécution de smart contract …) sur la blockchain Ethereum empêche toute idée de micro-paiement. Les frais sont plus élevés que le transfert lui-même. La finance sur cette blockchain ressemble alors beaucoup à de la finance classique avec une banque comme intermédiaire et les frais associés.
La blockchain Ethereum est donc ouverte à tous ceux qui ont un équipement informatique et une connexion internet. Mais sans un portemonnaie bien rempli, son utilisation est impossible. Si vous avez beaucoup d’argent, vous pouvez utiliser « des milliers d’applications dès aujourd’hui ». La blockchain Ethereum est donc « ouverte à tous » à condition d’avoir des moyens, beaucoup de moyens.