Tout droit sorti du ventre de ma mère, j’ai eu droit à la révélation d’un monde incroyable, une promesse divine que l’on m’avait fait. La première fois que j’ai ouvert mes yeux fut un moment mémorable que j’admirerai toujours, même si je ne suis pas capable de me le remémorer. À ma première inspiration, j’ai senti que le monde petit. En étant enfant, je ne connaissais que la famille, la maison et tout le reste appartenait au reste, sans que je n’y fasse trop attention.
Mon enfance a été formé dans un monde incroyable. Sans réaliser la chance que j’avais d’être en vie, je vivais des hauts et des bas sans toutefois pouvoir me réjouir de ce que j’ai. À l’époque, incapable de gratitude, je ne voyais que de l’injustice partout à l’allais. Sans mon esprit critique, sans mes valeurs coulées dans le béton, avec un monde qui s’agrandit de plus en plus.
Ce que je considérais comme « le reste » m’intriguait de plus en plus. L’épais brouillard qui couvrait le tout commençait donc à se retirer et plus j’explore, plus j’apprend, plus j’ai la chance de croître moi-même en tant qu’individu.
Arrivé en maternelle et pendant tout mon primaire, j’ai eu mes premiers amis. Des amis à qui je pense encore aujourd’hui, même si je sais pertinemment que j’en ai oublié la grande majorité. Cette désolante et triste vérité me hante encore aujourd’hui. Je m’en veux, même si c’est totalement illogique et dénué de sens. Je regrette avoir perdu des gens avec qui je m’entendais bien, je pense à mes souvenirs, aux moments passés, à mon innocence de l’époque, à mon sourire, à mes rires autrefois si joyeux et enfantin. Je pense beaucoup, sans le vouloir. Les bons moments me reviennent par bout, comme une main tenue, passant mes récréations main dans la main avec ce que je considérais comme une amie, mais que je vois aujourd’hui comme étant autre chose, faute de mon esprit plus mature.
Un moment marquant de ma vie a été ma transition vers le secondaire. Encore jeune et trop vulnérable, j’avais besoin de soutien, de piliers sur quoi m’accrocher. Cependant, à mon horreur, je n’eu rien de cela. Arrivant dans un endroit inconnu, tout était nouveau pour moi. Ma tête pleine de ce que j’avais à mon ancien école, mon immaturité me fit voir le mot d »injustice en rouge. Au fils de mes études, je me fis de nouveaux amis, je me trouva de nouvelles occupations, mais bientôt tout changea.
L’ennui vint en premier, menant jusqu’au désespoir et à une colère sourde. De cette colère vint un dégout. Un dégout face à la vie que je menais. À cette même vie que je tentais tant bien que mal de vivre, me forçant à tenter de retrouver ce que j’avais. J’en avais plus qu’assez de me lever à des heures incroyables le matin pour venir dans un lieu où on allait me remplir la tête de concept aussi ridicules qu’inutiles. Je n’en pouvais plus de rentrer tard chez moi, pour ensuite devoir retrouver les horreurs de la journée pendant ma soirée en me laissant que de brefs instants pour mon propre plaisir. Et je réalise aujourd’hui que je m’en prenais aux autres par peur d’être moi-même trop fragile, trop faible.
C’est alors que ce dégout de l’éducation me marqua vers la fin de mon secondaire. J’assistais sans être vraiment là aux cours, je regardais par la fenêtre dans l’espoir qu’un jour viendra où je serai vraiment libre, je contemplais les oiseaux qui planaient dans les cieux et je me voyais moi, assis dans une pièce à me perdre dans mes propres pensées.
À force de forcer toutes cette théorie dénuée d’importance, je perdis mon goût d’apprendre, mon goût d’aventure, mon goût d’explorer le monde qui est désormais devenu si grand, et moi si petit. Je m’accrochais à une seule chose. Je m’accrochais à la fin. Je me forçais avec difficulté à passer toutes les épreuves qui m’étaient imposées afin d’en finir avec mon secondaire. Refusant de réviser mes examens avant de les rendre, étudiant le strict minimum, je travaillais avec l’esprit ailleurs, espérant qu’un monde meilleur me tombe du ciel.
À l’époque, le Cégep semblait être ma libération. Je voulais en faire un nouveau point de départ, une nouvelle chance de vivre pleinement une vie qui, malgré toutes les apparences, valait la peine d’être vécue. Toujours est-il que j’espérais en vain. De mes jours, je vis la même chose que j’ai vécu au secondaire, mais cette fois, l’université semble être ma libération.
Cependant, le problème réside encore. Ce n’est qu’une libération conditionnelle, à condition que j’excelle assez dans mon programme, ce qui n’est tout à fait pas le cas, pour rentrer dans le programme universitaire de mon choix et que je m’y plairai à l’avenir. Passant des heures à étudier des concepts qui ne me servent pas et qui ne m’intéressent pas, je passe mon temps à me demander à quoi cela me servirait à la place de maîtriser ces sujets qui détermineront mon futur.
Bref, l’école mène à la déchéance, au regret du passé qui semblait utopique et la seule leçon que j’ai réellement appris en 13 ans d’étude a été d’apprendre à oublier.
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