A la découverte de nos vieux billets de banque #18

J’aimerai, au travers de ces quelques articles, vous faire découvrir nos anciens billets de banque, qui avaient cours au siècle dernier. Parfois pour la nostalgie, parfois pour les mettre en parallèle avec leur époque, ou le personnage qu’ils mettent en valeur, ou enfin parfois tout simplement pour leur côté esthétique.

Poursuivons avec le billet de 20 Francs Bayard.

Émis de 1917 à 1919, il est l’œuvre de l'artiste français Georges Duval, et fut imprimé à 165 000 000 d'exemplaires.

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Au recto, figure un portrait, de profil, du Chevalier Bayard, selon un médaillon historique conservé à la Bibliothèque Nationale. Les mots « Sans peur » et « Sans reproche » figurent sous les cartouches.

Portrait du Chevalier Bayard
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Au verso, figure le portrait d’un paysan, travaillant dans les champs, en train d’affuter sa faux.

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Ce billet est le premier billet français sur lequel figure un personnage historique. Cet honneur fut donc réservé au Chevalier Bayard, Chevalier « sans peur et sans reproche », mais pourquoi diable ce choix ?
Il faut se replonger dans le contexte de l’époque. La France est en effet engagée depuis de longs mois dans la 1ère Guerre Mondiale. Le moral est chancelant, tant pour les soldats que pour les civils. Le Chevalier Bayard, ou Pierre Terrail de Bayard de son nom complet, est un modèle de bravoure et d’abnégation, rappelé à la mémoire de la population, et proposé comme exemple à suivre.

La légende de cet homme s’est forgée suite aux récits rapportés par ses compagnons d'armes, tel Jacques de Mailles, dans la Très joyeuse et très plaisante histoire du gentil seigneur de Bayart, le bon chevalier sans peur et sans reproche. Bayard s’illustre au cours des guerres d’Italie, de 1495 à 1524. On notera, parmi ses faits d’armes, la défense du pont de Garigliano : alors qu’une troupe française est mise en déroute par les armées espagnoles, Bayard reste sur le pont en arrière-garde, et parvient, seul, à bloquer l’avancée des soldats ennemis jusqu’à ce que la retraite s’achève.

Bayard défendant la retraite de l’armée Française.
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Suite à la bataille de Marignan en 1515, c’est le Chevalier Bayard qui aurait adoubé le Roi François Ier, à la demande de ce dernier, devenant ainsi son parrain d’armes.

Bayard adoube chevalier le Roi François Ier
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Bayard décède finalement en 1524, au combat de Romagnano Sesia (un 30 avril, anniversaire ce jour !), mortellement blessé par un coup d’arquebuse alors qu’il est encore une fois à l’arrière garde en train de couvrir la retraite des troupes françaises.
Selon les mémoires de Martin du Bellay, Bayard, agonisant, se serait vu approché par Charles III de Bourbon, ancien connétable de France, et qui avait changé de camp en soutenant la cause espagnole. Il leur prête alors cet échange :

« Ah ! Monsieur de Bayard, que j’ai grand-pitié de vous voir en cet état, vous qui fûtes si vertueux chevalier ! »
— « Monsieur, il n’est besoin de pitié pour moi, car je meurs en homme de bien ; mais j’ai pitié de vous, car vous servez contre votre prince et votre patrie ! »

On peut bien sûr s’interroger sur la véracité de cette scène, et sur le crédit à apporter à un récit rapporté par une personne n’étant pas sur les lieux… Il existe bien sur à l’époque une importante propagande, et par ailleurs, des interrogations planent sur l’épisode de l’adoubement du Roi François Ier. En effet, plusieurs auteurs ont considéré cette histoire comme un mythe, créé a posteriori sur demande royale, 10 ans après l’épisode. Il faut se souvenir que le Royaume de France, en 1525 connait de grandes difficultés : à la victoire de Marignan a succédé le désastre de Pavie. Le Roi en personne fut fait prisonnier, et contraint de signer un traité humiliant pour sortir de captivité, livrant ses conquêtes italiennes, la Bourgogne, ainsi que ses deux fils en otage. L’idée de redorer le blason de la monarchie, en l’associant à une icône de vertu et de courage est ainsi tentante. Et c’est finalement en tout cas ainsi que l’histoire traversa le fil du temps.
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Quant au paysan qui orne le verso du billet, il s’agit sans conteste d’un appel du pied à la population civile, qui est à l’époque essentiellement rurale. Appel à poursuivre le travail dans les champs, mais on peut également, comme autre lecture, voir la faux comme une arme que l’on est en train d’affuter, pour défendre sa patrie.

Merci pour votre lecture ! :)

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