MON COMBAT... NOTRE COMBAT... POUR LA VIE

in #fr7 years ago (edited)

J'ai décidé de vous livrer une partie de moi, plutôt de publier ce que j'avais déjà écrit il y a un peu plus de deux ans avec le secret espoir d'un jour écrire un bouquin, juste pour partager, avec le secret espoir, aussi, d'aider, ne serait-ce qu'un couple, peut-être aussi pour mes enfants, pour qu'ils connaissent leur histoire.

Pour cela, on doit repartir au début de mon histoire, plutôt au commencement, mais je ne le savais pas encore, de l'enfer, ou de ce qui y ressemble.
J'avais 20 ans et pourtant je m'en rappelle comme si c'était hier, comme si c'était gravé au fer rouge.
Ma tante Lina avait obtenu pour moi un RDV auprès d'un grand ponte marseillais alors que j'aurais du attendre plusieurs mois sans son intervention.
Voici le jour J arrivé, c'était un lundi. Je me rendais, un peu nonchalante à ce RDV dans le cadre d'une aménorrhée qui durait tout de même depuis 2 ans.

J'entre dans le bureau et le gynécologue ne m'invite pas à m'asseoir, il reste également debout, comme pour montrer que son temps est précieux et qu'il n'a qu'un court moment à me consacrer. Il me demande alors de lui présenter mon BS (bilan sanguin) que je lui tend.

Il mettra tout juste 5 min à le consulter et à m'annoncer aussi sec, sans aucun ménagement, sans aucune compassion, sans prendre de gant,

vous êtes en préménopause, vous voulez des enfants ?

Toujours debout, sentant mes jambes se dérober, je lui réponds; complètement effrayée, que je n'ai que 22 ans et pas d'amoureux sérieux, alors je n'ai pas pour projet immédiat d'avoir un bébé mais que par contre, alors que mes copines rêvent depuis toujours du prince charmant et d'une robe de mariée comme celles des princesses, depuis aussi longtemps que je me souvienne moi je rêve de bébé, de famille nombreuse !
Vous êtes sur ??? vous ne m'avez même examinée ou interrogée...

Et lui de me répondre, mot pour mot, que ce n'est pas nécessaire, que je serais bientôt définitivement ménopausée et que lorsque je voudrais avoir un enfant, il faudrait me traiter et bien me traiter.

Contrairement, à ce qu'auraient pu imaginer mes parents, ma famille, mes amis, ma meilleure amie, cela ne m'a pas anéanti. Il aurait pu être mieux valu et vous comprendrez plus tard pourquoi.

J'ai assez rapidement nié en bloc le diagnostic, même s'il émanait d'un des plus grand gynécologue marseillais, je n'en avais rien à faire, il se trompait.
J'avais alors, entendu parler d'une femme gynécologue, qui était, à priori, spécialisée dans les "cas difficiles, particuliers".
Ni une, ni deux, j'obtenais un RDV, assez rapide.

Je rentre dans son bureau tout sombre, d'où se dégage une odeur, quasi insupportable de tabac !
Je comprends vite que je ne me trompe car trône sur son bureau, au milieu d'un amoncellement de dossier, un cendrier plein de mégots... normal chez une gynéco !
Je lui présente le même bilan sanguin et lui indique que je suis là car le Dr B. m'a diagnostiqué une IOP (Insuffisance Ovarienne Précoce).

Elle consulta le bilan, pendant un long moment, puis me questionna, longuement, tant sur mes antécédents que sur mon parcours de vie.
Par ailleurs, elle était le médecin de ma cousine germaine, Marie-Ange de qui j'étais très proche, et qui était atteinte d'une maladie incurable et elle connaissait donc déjà un peu la situation difficile que nous vivions.
Après avoir réuni et confronté tous ces éléments, elle me dit :

Vous êtes atteinte d'une aménorrhée psychogène !

Mais le Dr B. a dit qu'il s'agissait d'une ménopause ??? vous êtes sûre ?

Je n'ai qu'un cas dans mes milliers de dossier, pourquoi seriez-vous le second ? Vous avez subi trop de chocs psychologiques importants et votre corps réagit à sa façon.

C'était donc transitoire et tout allé rentrer dans l'ordre.
Je sortais rassurée par son diagnostic, plutôt convaincue. J'étais à cette époque, en seconde année à l'école d'infirmières et j'avais donc les "compétences/connaissances" nécessaires pour comprendre tout ce qui m'arrivait, analyser les deux diagnostics...
Je n'ai pourtant pas chercher à en savoir plus, demandée un troisième avis, bien trop rassurée par le second diagnostic ! D'autant que quelques mois plus tard, tout était rentré dans l'ordre et je m'étais dit qu'elle avait raison et que le grand ponte c'était trompé !

Les années qui suivirent, s'étaient passées quasi-normalement avec quelques mois de temps en temps d'aménorrhée mais rien qui inquiétait la fameuse gynécologue.

Je rencontrais alors mon ex-compagnon avec qui je resterais cinq années pendant lesquelles je ne prendrais, pratiquement jamais de contraceptif et ne tomberais pourtant jamais enceinte.
Puis une séparation un peu compliqué à l'âge de 27 ans et enfin la rencontre de l'homme de ma vie @irishcoffee, enfin la rencontre, nous nous connaissions déjà depuis 10 ans.
Environ trois ans après, nous décidions de fonder une famille, d'avoir un enfant, même 3 ou 4 pour ma part, même si nous étions en désaccord sur le sujet...
Après un an de succession d'échecs, d'espoirs, de déceptions, je décidais de consulter, seule dans un premier temps, une gynécologue. Problème, nous vivions désormais en Corse, je ne connaissais pas la réputation 😃 des médecins et je n'avais de toute façon pas beaucoup de choix.
Je choisissais donc le médecin qui me proposait le RDV le plus rapide, plutôt "excitée" me disant que si nous n'y arrivions pas tout seul, un petit coup de pouce et ça irait.
Je prie l'initiative, pour gagner du temps, de me faire prescrire par ma généraliste un bilan sanguin. Un des premiers chocs violents liés à mon parcours a été celui là.
Direction un laboratoire que je connaissais bien, et au moment de récupérer les résultats la secrétaire qui est une copine, m'indiquais que le patron voudrait me parler.
Je suis surprise et en plus, il n'est pas là et je devrais donc attendre environ deux heures avant de pouvoir lui parler. Ces deux heures avaient été interminable, imaginant mille et une chose qu'il pouvait avoir à me dire.
Et l'heure H arriva. Il m'indiquait par téléphone qu'il devait y avoir une erreur de leur part sur mon bilan et qu'il aimerait que je repasse demain, pour un nouveau prélèvement.

Il en avait trop dis ou pas assez. Je n'allais pas attendre demain pour savoir qu'elle était le problème.

Il semblait dire qu'une inversion des prélèvements avait peut être eu lieu mais ne m'expliquait pas qu'est ce qui lui faisait dire ça et restait très évasif dans ses propos. Je n'en saurais pas plus et devrais patienter jusqu'au lendemain.
Je ne dormais pas de la nuit et me présentais le lendemain.
Il m'expliquait qu'il était surprenant qu'il y ait eu une inversion mais que les résultats de mon bilan sanguin étaient extrêmement surprenant. Surprenant !?! mais en quoi ? Mon taux d'oestrogène et de progestérone était ceux d'une femme de 60 ans, et je vous passe tous les autres détails trop techniques.

J'ai compris en 1 sec et vous l'avez surement compris aussi, qu'il n'y avait pas d'inversion, c'était bien mon bilan a 30 ans qui était dans les normes d'une femme de 60...
1 sec plus tard, je me dis que ce n'est pas possible, que le Dr B. ne pouvait pas avoir raison.
Et la 3me sec, j'éclatais en larmes, m'enfuyant à toute hâte du laboratoire pour courir me réfugier dans les bras de mon homme. Quand j'y pense aujourd'hui, car je n'y suis jamais retourné, il avait dû se demander ce qu'il se passait ?!?

Mon excitation du RDV était tout à coup retombée, avec un brusque aller/retour dans le passé au jour du 1er diagnostic.

Le jour de mon RDV arrivait enfin et j'étais accueillie par une gynécologue, qui avait de prime abord largement dépassé l'âge de la retraite, dans un cabinet qui était resté figé, y compris la table d'auscultation, dans les années 80 ! 😃

Je me souviens parfaitement m'être dit : va-t'en vite, fuies, c'est quoi cet endroit, ou est la caméra cachée ?!?
Je lui explique tout mon parcours, avec autant de détails que je vous le livre aujourd'hui. Je lui présente mon dernier bilan sanguin et lui répète à plusieurs reprises que nous essayons, en vain depuis 1 an, d'avoir un enfant puis lui raconte mon anecdote avec le laboratoire.

Elle terminait la consultation en me disant, "revenez dans un an et faites des courbes de température."
Je me demandais vraiment ce que j'étais venu faire ici et je comprenais que je n'avais plus qu'à choisir le suivant sur la liste ou écouter mon généraliste qui me suggérait plutôt d'aller voir une endocrinologue.
Ce que je fis car il m'était impossible d'attendre plusieurs mois pour un RDV avec le gynécologue, que l'on me conseillait, unanimement de consulter.
L'attente me parut interminable même si le RDV n'était qu'une semaine plus tard.

Allez, je vous en ai déjà trop dit et pour ne pas abuser et/ou pour vous faire ressentir, vous téléporter au plus prêt de ce que j'ai pu ressentir, il va falloir attendre une longue semaine !


Sort:  

C'est pas sympa de nous laisser comme ça sans la suite 😕
Mais comme j'ai déjà lu d'autres post je sais qu'il y a une joie donc j'attends avec plus de légèreté. En tout cas merci de nous livrer ton parcours...

Coucou @chrisparis,
Un grand merci pour ton commentaire... pour chacun de tes commentaires d'ailleurs, qui débordent de sincérité, d'émotion et tout et tout ! :-)

Je ne sais pas trop quoi dire. Je suis sans mot :/

Je comprends... à 100 % :-) l'intention et l'attention, me touchent !

C'est très émouvant et sans nul doute une expérience éprouvante.

Merci @paikan,
Éprouvante, c'est ça et même si tout est terminé aujourd'hui, j'en garde une marque indélébile, si j'en doutais, la rédaction du post et la lecture tous les coms me le confirment. Un grand merci

Quelle expérience...

Toujours présent.... merci !

C'est bête de retrouver devant la page de commentaire sans savoir trop quoi écrire.

Avec ma femme, on a eu pas eu beaucoup de difficultés à avoir notre petit garçon. Nous avons même étudié très sérieusement la PMA. Heureusement, le petit miracle est arrivé juste à temps.

Je m'en doutais même si ce n'était que suggéré dans ton post. Heureusement, tu ne peux pas savoir à quel point... et oui tu vas savoir grâce ou à cause... de moi, ceux à quoi tu as échappé, ceux à quoi vous avez échappés !

je sais bien l'horreur de la PMA. On nous l'avait raconté à l'époque. C'est vraiment une épreuve pour la femme. Pour l'homme également mais bien moins en comparaison.

Quelle épreuve...

Un passage assez troublant de votre vie... Upvoté à 100% !

Merci,
Au delà du upvote et de la fierté d'être sélectionnée, le ton de vos commentaires est tellement agréable, c'est du bonheur.

Bonjour @corsica, bravo pour le texte et l'expérience partagée. C'est cela que j'ai envie de lire ici... merci.

Eh @charleselie,
Merci beaucoup, cela n'a pas été facile... On ne s'est jamais croisé je crois, enchantée ! Mon frère vit à Genève. :-)
A bientôt.