AntiMonde - Première nouvelle que je publie sur steemit ^^

in #fr7 years ago

Hello les gens, je vous avez dit que je posterai les nouvelles que j'écris, et bien voici la première !
Il s'agit du premier chapitre d'AntiMonde, j'espère que ça vous plaira ;D

  • ANTIMONDE -

1 : Le Roi qui rêve :

La lumière de l'aube fraîche serpentait calmement entre les vieilles montagnes endormies. Cette lueur matinale grandissait dans un silence bercé par le roulement du train montagnard navigant au milieu de la neige cristalline.
Dans l'un des multiples wagons tiré par l'ancienne locomotive, un jeune homme jouait amicalement aux échecs avec une jeune femme. la partie avait débuté il y a de cela une bonne dizaine de minutes qui ont vu l’échiquier s'illuminer lentement au rythme de l'élévation du soleil à travers les brumes du col.
Le reste du compartiment était vide, il n'y avait que ces deux êtres qui s'affrontaient en toute amitié, discutant parfois à voix basse ou s'amusant discrètement des stratagèmes employés par les deux camps.
Archelnon, le jeune homme, réfléchissait intensément devant son armée de pièces noires, il s'imaginait qu'il est le roi : si le monarque est prit il meurt. Ce type de personnification l'aidait généralement à obtenir une concentration optimale et même si son adversaire était une bonne amie, son caractère le poussait à ne lui laisser aucunes chances.
Après réflexion, il se décida enfin à déplacer son fou. Sa nouvelle position stratégique lui assurait la conquête du jeu, plus que deux tours et la victoire serait à lui, à ce moment-là il sourira joyeusement à sa compagne et lui proposera malicieusement une nouvelle partie.
Tout est parfait ! Il adresse un regard triomphant à la jeune fille qui lui répond d'un sourire énigmatique, un sourire en forme de lune. Ignorant les intentions adverses, il jette un regard par la fenêtre ou le brouillard hivernal se mêle aux nuages des cimes. Il remarque également qu'il y a de plus en plus de neige à l’extérieur. Soudain une question pourtant évidente lui vient à l'esprit : « Où suis-je ? ».

  • A ton tour Archelnon, lui indique son amie comme pour lui retirer cette interrogation de la tête.
    Le jeune homme détourna son regard de la vitre froide pour revenir à son passionnant duel d’échec, prêt à savourer sa victoire. Mais à son grand étonnement, le plateau ne lui offrait plus aucunes chances de victoires. Surprit, il sursauta, presque toutes les pièces ont été déplacées, certaines ont disparu et d'autres encore ont ressuscitées.
  • Camia ? Tu as déplacé des pièces ? demanda t-il tout en réfléchissant à la manière dont la jeune femme aurait pu s'y prendre pour modifier l'échiquier en si peu de temps et sans attirer son attention.
  • Quoi ? Non, pas du tout, lui répondit-elle simplement.
    Archelnon commençait à comprendre ce qui lui arrivait, il observa à nouveau le plateau, les pièces avaient encore bougé, certaines n'étaient même plus tiré du jeu d’échec.
  • Camia ! J'ai compris ce qu'il m'arrive, je suis actuellement en train de rêver, et m'étant rendu compte de ce fait, je suis désormais à l’intérieur d'un rêve lucide.
  • Mais qu'est-ce que tu racontes ? répondit-elle en riant, tout est parfaitement normal.
    Archelnon connaissait bien ce phénomène, les personnages de rêves n'admettent que difficilement qu'ils évoluent dans un monde fictif et que par la même, ils n'existent pas. Malgré cela, le rêveur continua son argumentation :
  • Je t'assure, je suis actuellement dans mon lit en train de dormir, je rêve que nous sommes dans ce train et que nous jouons aux échecs mais malheureusement tu n'es pas réellement présente ici, tu n'es que le fruit de mon inconscient.
  • Ça me flatte que tu rêves de moi mais pour l’instant ton affirmation m’amuse plus qu’elle ne me convainc.
    Archelnon réfléchit un instant, avant d’annoncer d’un air joueur :
  • Je te propose une petite expérience, je vais te faire une démonstration d’une action qui serait à priori impossible. Comme par exemple, hum… comme par exemple léviter. Tu es d’accord pour déclarer cette action impossible ?
  • Et bien oui, répondit-elle amusée, c’est totalement impossible et absurde ! Mais je suis curieuse de te voir à l’œuvre.
    Le jeune homme se leva et se plaça devant son amie en lui adressant un grand sourire.
  • Tu es prête ?
  • Je le suis !
    Doucement, Archelnon s’éleva, un agréable frémissement de satisfaction le parcouru tandis que son corps lévitait comme si l’air était fait d’eau. Il avait souvent expérimenté ce genre de pouvoirs fabuleux que seuls les rêves rendent possibles et les rêves lucides conscients.
    Il venait de prouver à Camia qu’il était un rêveur. Il lui avait également prouvé qu’elle n’existait pas au sens courant du terme, la jeune femme fut surprise.
  • Waouh, mais c’est incroyable ! C’est impossible ! Elle marqua un rapide silence avant d’ajouter plus sombrement : j’imagine que tu as raison, je n’existe pas…
  • Ne le prend pas mal, répondit Archelnon en constatant qu’il avait blessé son amie, je suis heureux de te voir dans ce rêve mais je te vois également dans la réalité et tu es quelqu'un auquel j’attache de l’importance. Quand je me réveillerai, je serai encore là, contrairement à toi mais au moins je te garderai dans un petit coin de ma tête, ce rêve sera un agréable souvenir dans lequel tu existeras à ta manière.
  • Tu sais Archelnon, moi aussi je t’aime beaucoup, répondit-elle d’une voix douce et triste, mais tu es égoïste, tu viens prendre un monde qui ne te reviens pas. Et puis, tu ne te remets pas en question. Je sais que ce n’est pas volontaire, mais demande toi bien cela : Est-ce que ton monde aussi il existe ?

Archelnon n'eut pas le temps de lui répondre car dans une petite chambre d'un appartement HLM, un réveil se mit à sonner tyranniquement et un jeune garçon ouvrit douloureusement ses yeux engourdis, il était huit heures moins vingt-cinq, les cours commençaient d'ici une demi-heure.
Le réveil réduit au silence, le jeune homme s'étira fastidieusement sur son matelas, cette maudite sonnerie l'avait brutalement arraché d'un rêve intense pour le ramener dans une réalité pénible. Il était d’une humeur désagréable, agacé ; son retour en surface l’avait brusqué, il avait la froide sensation d'avoir quitter le train montagnard et son amie Camia bien trop tôt.
Tout en cherchant ces lunettes sur la table de chevet, il s’insurgea intérieurement contre le despotisme de l'éducation nationale qui l’obligeait à quitter le confort de sa chambre à une heure si matinale.
Son indignation muette achevée, il entreprit de lever son corps svelte et de s'habiller, il avait encore l'air endormi, sa tignasse blonde rendait sa chevelure chaotique.
Une fois vêtit, il se résolu à quitter son repaire. Il alla se brosser les dents d’un air grisâtre avant de finalement retrouver une légère motivation à l’idée de prendre le petit déjeuner.
La cuisine atteinte, il entreprit calmement de manger ses céréales tout en observant la lumière du soleil illuminer peu à peu le boulevard faisant face à son immeuble. Il aimait bien ces repas solitaires à l’aube qui lui permettaient de prendre le temps d’émerger dans un silence tiède.
Archelnon repensait à son rêve, c’était un rêve agréable qui lui donnait encore une sensation de frisson et de voyage. Il était à peine éveillé mais déjà nostalgique de cette partie d’échec avec Camia, la jeune fille lui manquait, il ne l’avait pas beaucoup vu ces derniers temps ; la voir, même en rêve était un réconfort.
Camia, contrairement à lui qui était encore en terminale, était étudiante en art plastique. Ils avaient l’habitude de se voir, les week-ends généralement, ils se promenaient le long des quais, se lançant dans des débats plus ou moins profonds, parfois allaient s’aventurer près des usines désaffectés en compagnie de leur petit groupe d’amis ou bien festoyaient joyeusement lors de soirées organisées chez l’un ou chez l’autre, bref ils profitaient de la jeunesse en tachant de ne pas vieillir trop vite. Se connaissant depuis maintenant quelques années, Archelnon et Camia avaient noué une relation forte, presque fraternelle ; leurs caractères se ressemblaient souvent, tous deux étaient dotés d’une curiosité vive et d’un enthousiasme exaltant mais ils avaient également leurs points discordants.
Camia était une jeune femme énigmatique, la côtoyer apportait plus de questions que de réponses, on ignorait généralement ce qu’elle avait derrière la tête mais cela s’avèrait bien souvent être une espièglerie ou une autre plaisanterie malicieuse. Le séduisant mystère qui se dégageait d’elle était associé à une personnalité sensible, facilement distraite, amusé ou vexé ; elle ne supportait que peu la solitude.
Archelnon était un personnage plus solitaire et moins mystérieux, tandis que Camia était plus liée au hasard et à l’imagination, lui était rationnel et méthodique. Il était également plus timide, ayant souvent l’impression que le monde le sous-estimait en voyant sa tête de blondinet à lunette. Malgré cela il brillait tout de même d’une certaine intelligence, son esprit cartésien lui conférait un certain charisme et un certain ego, un ego discret cependant, intime même, il n’était pas franchement du genre vantard.
L’un des points communs entre Archelnon et Camia était leur rapport au monde des rêves, tous deux s’intéressaient aux murmures de l’inconscient, ce faisant Archelnon avait trouvé amusant de rencontrer Camia en rêve.
Le jeune homme était fasciné par les songes, il passait un certain temps chaque matin à noter ses rêves, les rêves lucides tout particulièrement, à force d’être depuis si longtemps attentif au flot de songes qui parcourait ses plongeons dans le monde endormi, il avait fini par construire une part de sa personnalité autour de l’océan sans fond qu’était son inconscient. Mais l’inconscient reste un mystère terrible et profond, « c’est l’éminence grise de l’être humain » aime dire Archelnon, une araignée tapie dans l’ombre qui nous observe silencieusement, si discrètement qu’on l’oublie bien souvent.
Tout en finissant son petit-déjeuner, le lycéen se remémorait la conversation qu’il avait eu avec Camia, il en avait un souvenir relativement précis, la discussion l’avait surpris et impressionné.
« Es ce que ton monde aussi il existe ? »
Cette phrase résonnait encore dans sa tête, elle avait été assénée violemment, d’un ton glacial de la bouche d’une personne habituellement chaleureuse.
Cela rappelait à Archelnon qu’il était impossible de prouver l’existence du monde par un raisonnement logique. On peut douter de tout, certes cela peut paraître absurde mais cette idée le hantait depuis quelques temps déjà, l’angoissant parfois ou à l’inverse l’exaltait. Il cherchait sa place dans le gloubi-boulga du monde. Ce monde qui pouvait très bien être un rêve, ou bien qui sait, peut-être n'était-il qu'un simple personnage sortit d'une l'imagination inconnu, l'idée le fit sourire.
Mince, il était déjà en retard ; sans même débarrasser la table il enfila son gilet et pris son sac avant de foncer au bahut.
Après avoir arpenté durant une bonne dizaine de minutes le boulevard et les rues de la ville, il finit par arriver, non loin d’une rivière longeant le quartier, devant l’imposante bâtisse du lycée Émile Zola. Devant le bâtiment central qui s’étirait sur une grande partie des quais se tenait une petite place ou quelques groupes d’élèves s’attardaient encore avant de rejoindre leurs salles de classe.
Archelnon se dirigea machinalement vers ses amis Isa et Léonard, le premier le salua d’un air endormi tandis que le second finissait sereinement de fumer une cigarette.
Ils entamèrent une discussion calme, les trois lycéens étant encore engourdis ; finalement en se dirigeant vers leurs salles de classes respectives, au moment de se séparer au détour d’un couloir Léonard s’exclama :

  • Ah oui ! J’ai failli oublier, comme nous avons la chance de terminer les cours en fin de matinée j’ai proposé à tout le monde de pique-niquer ensemble cette après-midi au jardin botanique, si vous voulez passer ce serait avec grand plaisir ! En plus, je pense que Camia va pouvoir se libérer, ça fait longtemps que tu ne l’as pas vu Archelnon, tu devrais venir !
    Les deux intéressés promirent de venir. Une chaleureuse adrénaline parcouru Archelnon à l’idée de revoir son amie Camia. Cette nouvelle énergie au cœur, il se décida joyeusement à rejoindre son cours d’anglais.
    Le cours d'anglais passa, rapidement suivi d'autres matières, la matinée s’acheva sur l'heure favorite d'Archelnon, le cours de mathématique.
    Les élèves reprochent souvent aux mathématiques leurs inutilités dans la vie quotidienne ou dans certaines professions n'exigeant pas leur aide, il est vrai que les sciences logiques peuvent paraître facultatives et cela est sans doute vrai, mais pour Archelnon cette matière était vitale.
    Les mathématiques, tout comme les jeux de stratégies lui ont servit à acquérir un esprit méthodique qu’il considère comme l’un de ses points forts. Cette logique lui a également permi de tenir des réflexions rationnelles sur lesquelles il s’est en grande partie appuyé pour se construire intellectuellement. Il lui était ainsi impossible d’imaginer sa personnalité sans cette force de raisonnement.
    Midi sonna enfin, proclamant le zénith et la fin de la matinée, Archelnon était enfin libre, n’ayant plus cours de la journée.
    Il se rendit chez lui en premier lieu, appréciant en chemin l’air tiède du printemps et la clarté du ciel. Il aimait beaucoup cette saison chaleureuse où l’hiver s’éclipse pour faire place à la douceur d’un soleil chaud et d’un vent rafraîchissant.
    Il fit une courte halte à l’appartement où il délaissa ses affaires scolaires puis repartit joyeusement vers le jardin botanique.

Quelques minutes plus tard, après avoir passé l’un des ponts traversant le canal, Archelnon poussa la grande grille donnant sur le jardin. Une partie du parc donnait directement sur la rivière qu’elle surplombait gracieusement tout en faisant face au quai opposé tandis que l’autre menait principalement aux serres et à l’espace du jardin réservé au personnel et aux étudiants concernés.
Le lycéen arpentât les allées champêtres du parc d’un air rêveur, observant la majestueuse végétation du lieu et profitant de la paix intérieur que lui fournissait le jardin et ces milles odeurs florales.
Finalement, après avoir traversé un tunnel végétal, il arriva près d’un grand bassin tacheté de nénuphars près duquel il aperçut, assise sur un banc faisant dos au bassin et face au canal, une silhouette familière toute vêtue de noir.
La jeune femme aux cheveux aussi noirs que raides le salua silencieusement, elle buvait un thé. Archelnon s’installa à côté d’elle.
Il s’agissait de Xenia, Xenia Vasilski, une amie qui comme son nom l’indique était d’origine russe. Elle avait un caractère assez original bien que parfois intimidant, c’était une personne extrêmement calme ; son calme était glacial, il lui donnait continuellement l’air de réfléchir, provocant généralement le malaise de son entourage, ces derniers se sentant calculé et jugé par le visage grave et froid de la jeune fille. Ces sourires, bien que très rares était néanmoins chaleureux mais il fallait bien la connaître ou être particulièrement chanceux pour pouvoir observer ce phénomène.
Archelnon s’était lié d’amitié avec elle lentement, elle était aussi peu sociale que bavarde et il s’était écoulé plusieurs années avant qu’une réelle confiance ne se crée entre eux. C’était caractériel, Xenia n’acceptait de devenir amie avec quelqu’un que lorsqu’elle le connaissait parfaitement, autrement elle préférait rester tapie dans l’ombre et la solitude.
Le principal point commun entre le lycéen et la jeune femme qui elle était étudiante en cinéma était le jeu d’échec, Xenia était l’une des rares personne capable de battre Archelnon à ce jeu, il perdait souvent face à elle mais leurs duels duraient des heures et la résistance était acharnée ; le lycéen admirait l’intelligence froide dont elle faisait preuve dans ces moments-là, lorsqu’elle scrutait l’échiquier de ces yeux perçants.

  • Je suis surpris de te croiser ici, ça faisait longtemps, remarqua Archelnon, tu viens passer l’après-midi avec nous ?
  • Je ne vais pas rester longtemps, je ne fais que passer répondit-elle simplement.
    Leur discussion fut coupée par un long silence qui aurait pu être gênant si Archelnon ne connaissait pas Xenia, finalement celle-ci demanda :
  • Comment vas-tu Archelnon ? Tu as l’air heureux.
  • Oui, c’est vrai, je suis plutôt joyeux ; le temps est bon et je vais sûrement voir Camia tout à l’heure, ça me met de bonne humeur même si je me sens également un peu étrange.
  • Étrange ? Pourquoi donc ?
  • Disons que j’ai fait un rêve troublant cette nuit, je n’arrête pas d’y penser.
    Xenia réfléchit un instant, puis après avoir posé sa tasse de thé dans un coin du banc, elle sortit un paquet de cigarette et en alluma une en demandant :
  • Tu fais toujours des rêves lucides ?
  • Oui, justement c’en était un, répondit-il en refusant d’un signe de tête une cigarette tendue par son amie, j’aurais bien aimé le poursuivre plus longuement mais ce maudit réveil m’en a extrait.
  • Dommage, et tu l’as bien mémorisé, questionna t-elle en crachant doucement un nuage de fumée se dissipant dans l’air.
  • Globalement oui, certains passages restent flous mais à force de faire attention aux songes on obtient une bonne mémoire onirique, même s’il y a toujours un décalage entre le rêve en lui-même et son souvenir.
  • J’imagine que si tu me le racontes il y aura un nouveau décalage, cette fois-ci entre ton souvenir et mon imagination mais je suis quand même curieuse de l’entendre.
    Archelnon lui conta son voyage nocturne : le train montagnard, la partie d’échec, la discussion avec Camia… Il était curieux de voir la réaction de Xenia.
  • C’est étrange dit Xenia, j’imagine bien Camia réagir de cette manière dans la réalité, je la croise régulièrement sur le campus quand elle va à ses cours d’arts plats. Elle donne souvent cette impression d’être perdue tout en restant maître d’elle, c’est une personne assez énigmatique, bien qu’un peu naïve par moments.
  • C’est ce qui me plaît chez elle répondit Archelnon, Camia est original et lunatique tandis que ces pensées restent bien souvent impénétrable, impossible de savoir à quoi elle pense quand elle ne parle pas. En tout cas elle m’a sacrément surprise en me demandant si le monde existait.
  • Et j’en déduis que c’est cette interrogation qui te fait te sentir étrange.
  • Oui, mais ce n’est pas que cette dernière question qui m’a troublé, le rêve dégageait une atmosphère assez merveilleuse, un genre de sensation transcendante, je ne sais pas trop comment le définir. En tout cas je me pose cette question depuis quelques temps déjà. Je peux faire l’hypothèse que tout ce que je perçois n’est que le fruit de mon imagination, il est impossible de démontrer l’inverse. Peut-être que le monde est un rêve et que tout ce en quoi je crois n’est qu’un mensonge.
  • C’est un raisonnement original, je m’étais aussi posé cette question il y a quelques années, moins profondément que toi cependant. C’est assez poétique comme vision du monde et des rêves. Mais de la même manière qu’il t’est impossible de prouver l’existence du monde, tu ne peux pas prouver son inexistence.
  • C’est vrai, mais je me pose quand même des questions.
  • Ça ne peut pas faire de mal.
  • Et toi Xenia, quelles ont été tes conclusions à cette énigme ?
    La jeune femme eut un léger sourire.
  • Moi, je suis un personnage, j’ai beau être assise à côté de toi, je suis tout de même invisible, je n’ai aucune forme physique ou mentale, je ne suis qu’une idée vivant dans l’esprit d’un créateur. La seule chose que l’on peut voir de moi sont des caractères d’encre sur du papier.
    Archelnon resta silencieux quelques secondes, abasourdi.
  • Je ne m’attendais pas à cette réponse, tu es tellement attaché à ton indépendance et à ta liberté d’habitude, je suis étonné de t’entendre dire que tu n’es qu’une marionnette entre les mains d’un écrivain !
  • C’est vrai, mais je le ressens comme ça, ça me semble évident, bien qu’un peu triste.
  • En tout cas je ne vois pas le monde ainsi. J’ai bien trop d’ego, si la réalité n’existe pas, si le monde est un rêve, alors je me plaîs à penser que j’en suis le rêveur.
  • Je vois. Je vais malheureusement devoir disparaître, dit Xenia en jetant un coup d’œil à sa montre, j’ai beaucoup de choses à faire aujourd’hui.
  • Je comprends, je suis content d’avoir discuté avec toi, c’était instructif.
    Xenia se leva, prit ces affaires et ajouta doucement :
  • J’aime beaucoup ton raisonnement même si je ne le partage pas. En tout cas, si tu es un rêveur, n’oublie pas que l’inconscient t’observe attentivement, il te voit et il n’hésitera sûrement pas à te dévorer dès qu’il en aura l’occasion…
    Puis elle partit, traversa le tunnel végétal et laissa Archelnon seul sur le banc, face au canal et à ses pensées.

Le jeune homme resta pensif quelques instants avant de reprendre sa route, ses amis devaient être sur le point d’arriver. Il poursuivit sa balade au milieu des plantes et du soleil pour se rendre vers le centre du jardin où il devait retrouver ses camarades. Il parcourut une allée ombragée par d’immenses chênes aux troncs massifs pour finalement arriver dans une sorte de petite esplanade herbeuse ou quelques visiteurs profitaient tout comme lui du ciel bleu et du vent tiède.
Plusieurs routes traversaient le jardin circulaire, les chemins se perdaient dans le parc botanique vers divers bassins ou autres potagers, un lieu cependant fascinait depuis toujours Archelnon, il s’agissait de la grande serre.
Cette structure tropicale prenait la forme d’une tour de verre et d’acier enfermant dans son ventre une jungle chaude et humide, elle restait discrètement dans un coin du jardin, dégageant une atmosphère intime et secrète.
En admirant le parc, Archelnon aperçut ses amis Isa, Louise et Léonard qui lui faisaient signe, il les rejoint.
Archelnon avait déjà croisé Léonard et Isa au lycée le matin même, il salua son amie Louise qui venait d’un autre établissement. Les trois complices avaient des caractères complémentaires : le premier était bavard et énergique, le second plus calme et réfléchit tandis que la dernière faisait souvent preuve de malice et de ruse.
Les quatre compères s’installèrent dans l’herbe, non loin d’un petit bosquet de bambous formant un jardin asiatique. Ils passèrent ainsi une partie de l’après-midi, dégustant des gâteaux et du thé en jouant joyeusement aux cartes ou aux échecs ;Camia devait arriver quelques temps plus tard, en milieu d’après-midi.
Tout en disputant une partie d’échec avec Isa, Archelnon sentit l’infusion à la menthe qu’il avait bu lui réchauffer le corps, lui procurant une douce sensation de concentration l’aidant à réfléchir à son duel.
Soudain, traversant la pelouse d’un air enfantin, une jeune femme se dirigea vers le groupe : il s’agissait de Camia. Archelnon se leva pour aller la saluer, il voulait être le premier à lui parler, elle était enfin là ! Il sentit son cœur battre plus intensément à l’idée de la retrouver enfin !
Camia était plutôt grande pour une fille, elle avait un corps allongé, comme un chat qui s’étire avec grâce et paresse. Sa longue chevelure d’un brun sombre était mâtinée de nombreuses mèches teintent en bleu et violet. Son visage était serein et chaleureux, marqué par deux yeux d’une profondeur bleue et obscur.
Ces vêtements étaient légers, elle portait une chemise blanche recouverte d’un gilet noir ainsi qu’un pantalon bleu parcouru du motif d’une ribambelle de roses rouges.
Bref, elle était belle. Elle dégageait une aura mêlant subtilement ténèbres et lumières.
En voyant Archelnon l’accueillir, elle le prit dans ses bras en murmurant calmement :

  • Ça faisait longtemps.
    Archelnon sentit agréablement la chaleur de son corps le parcourir tendrement. Il se sentait bien, comme dans un rêve…
    Après avoir retrouvé tout le monde, Camia s’installa dans le petit cercle en se servant une tasse de thé.
  • Excellent thé, félicita-t-elle, c’est agréable d’être avec vous par une si belle après-midi mais j’ai bien peur qu’un orage approche, il va pleuvoir.
  • Tu es sûre ? demanda Isa tout en continuant sa partie d’échec avec Archelnon, ce serait étrange, il me semble qu’il va encore faire beau plusieurs jours.
  • La météo n’est pas infaillible Isa, répondit Louise, mais espérons que le ciel reste bleu jusqu’à ce soir au moins. Qu’est ce qui te fait penser qu’il va pleuvoir Camia ?
  • Oh je ne sais pas, c’est juste une impression, enfin ce n’est pas très important.
    Alors qu’il finissait de battre Isa sur l’échiquier, Archelnon se demanda s’il devait parler de son rêve à Camia, jusqu’ici il n’en avait parlé qu’à Xenia. Il se résolut finalement à lui en faire part plus tard, non pas qu’il eut peur que la jeune femme le trouve étrange de faire des rêves si énigmatiques, au contraire elle serait amusée d’apparaître dans de pareils songes, mais plutôt car le jeune lycéen avait à cœur de lui en parler en tête à tête, dans l’intimité.
    Une heure s’écoula paisiblement, les cinq amis profitaient de l’après-midi ensoleillée quand soudain Louise dit en sursautant :
  • Ah ! Apparemment tes prédictions étaient justes Camia. Je viens de sentir une goutte !
    La jeune femme lui répondit par un petit sourire, l’air de dire « j’avais raison. ».
    Un crachin enveloppa mollement la ville et le parc, se transformant vite en une véritable averse. Mais tandis que la pluie s’installait avec de plus en plus de pertinence et de tiédeur dans le jardin botanique, le soleil persistait à éclairer le parc humide. C’était un phénomène plutôt rare, les rayons chauds se métissaient dans l’air pluvieux, cela perturbait Archelnon.
    Aussitôt que l’orage avait commencé, le petit groupe s’était mis en alerte, les uns rangeaient les diverses affaires jonchant la pelouse tandis que les autres, regrettant de ne pas s’être munis de vestes cherchaient un lieu où s’abriter.
  • Quelqu’un connaît un endroit au sec dans les environs ? demanda Léonard qui semblait visiblement agacé par cette pluie imprévu.
  • Je ne sais pas, lui répondit Louise, mettons nous en route, on trouvera bien un abri.
    Au milieu de tout ce chaos, Camia était restée calme, elle avait simplement enfilé son gilet et continué de boire sa tasse de thé en tachant d’avoir l’air indifférent à la tempête, tandis que tout le monde débattait sur la direction à prendre, elle proposa d’un ton stoïque et assuré :
  • Allons à la serre.
    Malgré les protestations de Léonard et d’Isa qui affirmait que la serre serait fermée au public, ils se dirigèrent vers l’imposante tour de verre, guidés par Archelnon et Camia qui avaient l’air enthousiastes à l’idée de visiter la serre et ses plantes tropicales.
  • Cette pluie est tout de même étrange, non ? demanda Archelnon tandis qu’ils se rendaient vers les portes de l’édifice.
  • C’est vrai que le phénomène est assez exceptionnel, répondit Isa, mais cela arrive quand même de temps en temps, surtout en cette saison. Je comprends que se faire doucher par de l’eau chaude est assez perturbant.
  • Oui je sais bien mais j’ai l’impression que quelque chose ne tourne pas rond. Je sais que c’est stupide de dire ça mais j’ai la sensation que l’eau est disons… colorée, comme si elle était légèrement orangé.
  • Je n’en ai pas l’impression, ça doit être un effet dut au rayonnement du soleil.
    Il jeta un œil vers le ciel d’un air pensif avant d’ajouter :
  • Si seulement il s’arrêtait de pleuvoir.
  • En tout cas, tout devient de plus en plus absurde, ajouta Camia tandis qu’ils atteignirent l’entrée du bâtiment.
    Ils montèrent quelques marches de pierre pour enfin entrer dans une pièce rectangulaire où étaient disposés, dans de nombreux pots, une multitudes de plantes plus ou moins exotiques, ils n’étaient pas encore dans la serre en elle-même mais dans son antichambre. Un parfum et une chaleur tropicale se faisaient tout de même sentir, s’échappant d’une porte vitrée en haut d’un autre escalier de pierre menant au cœur de la jungle artificielle.
    Étrangement, il n’y avait personne, seuls les sons produits par les remous d’un bassin remplis de plantes aquatiques et le martèlement de la pluie ensoleillée contre la paroi de verre se faisaient entendre, trahissant le silence.
    Au moins ils étaient au sec, ils s’attardèrent quelques minutes dans la pièce, contemplant la flore.
    Archelnon dirigeait son regard vers la vitre, il ne comprenait décidément pas pourquoi la pluie lui semblait si étrange, presque rougeâtre désormais, comme si le ciel était blessé, qu’il se perlait de sang au contact du soleil. Il resta quelques minutes à contempler cet étrange ciel, des nuages se formaient petit à petit dans le ciel bleu.
    Derrière lui, ses amis discutaient, mais il n'écoutait pas leur conversation. Camia vint le voir.
  • Ça va Archelnon ? Tu as l’air rêveur.
  • Oui, un peu. Rassure moi Camia, je ne suis pas le seul à voir tomber une pluie rouge ?
  • Oh, ce n’est plus très important maintenant. Tu viens voir la serre avec nous ?
    Sans attendre de réponse, elle lui prit la main et le guida vers la grande pièce.
    En pénétrant dans la serre, une bouffée d’air humide et chaud envahit les poumons d’Archelnon.
    La salle était immense, une passerelle d’acier parsemée de plantes grimpantes encadrait une véritable jungle tropicale dans laquelle se mêlaient toutes sortes d’arbres colossaux ou de végétation luxuriante. De nombreuses plantes et fleurs envahissaient chaque recoin de la serre, certaines semblaient même carnivores ; l’abondance de la flore était assurée par l’humidité canalisée par plusieurs canaux de pierre acheminant l’eau vers de nombreux bassins où se développaient d’innombrables plantes aquatiques. Au dessus de leurs têtes étaient perchés trois étages de passerelles rassemblées par un grand escalier d’acier ; le ponton d’où était arrivé le petit groupe serpentait tout autour de cette forêt exotique, longeant de grandes vitres éclairées par les lumières rougeâtres provenant du parc où soufflait désormais une puissante tempête.
    Archelnon se senti trembler devant ce jardin chimérique, il avait l’impression de faire face à un immense cœur empli de vie. Comme si la serre l’observait. Comme si la serre était une gigantesque créature prête à le dévorer.
  • Tout va bien Archelnon ? demanda Camia d’un air inquiet, tu trembles et tu as le visage cramoisie.
    Effectivement il tremblait légèrement, un malaise l’envahit doucement, sa tête se mit à tourner ; il avait la désagréable sensation que les choses se disloquaient dans son esprit, comme une machine qui continuerait de s’activer malgré l’absence d’une pièce centrale.
    Il détourna ces yeux de la serre et se retourna vers Camia, ils étaient seuls, Léonard, Louise et Isa avaient soudainement disparus.
  • Je ne sais pas, balbutia-t-il, angoissé, j’ai du mal à suivre ce qu’il se passe ! Tout est flou dans ma tête !
    Camia le prit dans ses bras en murmurant d’un ton rassurant :
  • Ne t’inquiète pas, ça va aller. Viens ! Montons vite !
    Tout en resserrant sa main dans la sienne, elle se mit à presser le pas en direction des escaliers, rapidement ils se retrouvèrent à prendre de l’altitude. Archelnon sentit aussitôt que sa sensation de malaise s’accéléra brusquement, il se sentait comme imploser. Sa tête se mit à tourner de plus en plus vite, il n’arrivait plus à réfléchir correctement.
    Dehors le monde devenait de plus en plus chaotique, le soleil avait disparut dans d’immenses nuages noirs recouvrant le parc d’une chape de plomb. La pluie avait bel et bien une couleur rouge, elle s’écrasait maintenant au sol dans un véritable déluge ; à bien y regarder, Archelnon constata avec horreur qu’une eau sombre et boueuse inondait de plus en plus le jardin botanique, elle jouait avec son imagination, lui faisant y voir des monstres obscurs et rampants.
  • C’est un véritable chef-d’œuvre cette pluie, tu ne trouve pas ? demanda Camia en riant
    joyeusement tandis qu’ils commençaient à monter vers le troisième étage.
  • Je ne comprends pas, c’est totalement insensé ! Et puis, que sont devenus les autres ?!
  • Ils n’existent plus, ils n’ont jamais vraiment existé d’ailleurs, répondit la jeune femme tout en lâchant la main d’Archelnon, ta mémoire te joue des tours. Mais ne t’occupe pas de ça, regarde plutôt autour de toi, c’est magnifique !
    Un grondement sourd et puissant envahit les lieux. La serre se mit à trembler légèrement, comme si le bâtiment s’éveillait. Ils atteignirent enfin le sommet de l’édifice, ils se tenaient désormais sur une plate-forme d’acier légèrement plus large, un banc de bois faisait face à la cime des plus hauts arbres dont les innombrables branches formaient un mélange de lianes et de fleurs. Au dessus d’eux, un dôme de verre les séparaient du ciel noir où se mouvaient des nuages titanesques, ciel et terre s’observaient en chien de faïences.
    Camia s’accouda à la barrière de la passerelle et s’écria de manière à ce que sa voix couvre le grondement faisant trembler l’édifice.
  • Alors Archelnon, ça te plaît ? Le monde se fissure, il se casse !
    Le jeune homme commençait à comprendre. Il s’assit sur le banc en tachant de garder son calme au milieu de ce capharnaüm et répondit d’une voix haletante.
  • Le monde est vraiment un rêve ?! J’avais des doutes concernant sa nature mais de la à assister à ce phénomène !
    Une violente vibration traversa la serre, l’interrompant et le faisant tomber contre la passerelle, ses lunettes glissèrent hors de la plate-forme tandis que certaines vitres se craquelèrent. En relevant la tête, le jeune homme distingua dans les ombres du ciel des centaines de bombardiers disparaissant parfois dans la tempête et les nuages, au loin des sirènes militaires résonnaient.
    La scène était totalement surréaliste. Archelnon s’était perdu, il n’arrivait plus à distinguer la différence entre ses pensées et ses actions, entre son identité et celle du monde.
    Camia l’aida à se relever en riant.
  • Oui, je sais, tu es un peu perdu, mais profite de ce moment merveilleux, laisse toi fondre ! Si la réalité n’était pas un mensonge, le monde serait moins drôle !
    Un alarmant sifflement déchira le ciel, quelques secondes plus tard une sorte de boulet noir pulvérisa dans un violent fracas l’une des vitres du dôme avant d’exploser quelques étages plus bas, le choc ébranla la tour, une fumée mauve se diffusa dans la serre, traînant avec elle une lourde odeur de café.
    Archelnon, n’arrivant plus à réfléchir et ne supportant plus de ne rien comprendre se laissa tomber sur le matelas d’un lit qui venait d’apparaître dans un coin de la plate-forme, près de la vitre ; tétanisé, il prit ses mains contre sa tête et tout en pleurant se mit à répéter à voix basse.
  • Je ne comprend pas, je ne comprend pas, je ne comprend pas !
    Camia s’approcha doucement de lui.
    Il sentit aussitôt un violent coup de poing parcourir sa joue, immédiatement suivis d’un autre lui broyant le ventre et propulsant sa tête contre la vitre qui se fissura dans un grand fracas.
    Il avait terriblement mal, il était en sang, le choc lui tordait le ventre et la tête, pourquoi Camia était-
    elle soudainement si violente ?
    Camia sourit tristement.
  • Pardon, je t’ai fait mal ? Je voulais juste essayer, découvrir la sensation.
    Archelnon n’ayant pas la force de répondre, ni même de comprendre, elle poursuivit.
  • Je t’aime intensément Archelnon, je suis sincère. Tu te souviens de ce train, de cette partie d’échec ? Ça doit faire bizarre de se retrouver dans le rôle inverse, non ?
    Autour d’eux, le verre continuait de se fissurer, les vitres n’allaient pas tarder à céder. Archelnon avait mal, il se sentait broyé par le monde, ce même monde qui tombait en morceaux.
  • Tu est un merveilleux jouet Archelnon, murmura-t-elle tendrement en le serrant à nouveau dans ses bras, nous nous reverrons bientôt, une ultime fois ! Ce sera beau, je te le promets !
    Dans une terrible douceur, les yeux d’Archelnon s’éteignirent, la voix de Camia disparut en même temps que le son des bombes et de l’orage.
    Les vitres éclatèrent. Le monde se brisa.
    Archelnon sombra dans l’inconscient…
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Très belle plume !!! j'ai relevé de très belle comparaison, ton imagination est débordante et j'avoue que j'ai pris un énorme plaisir à découvrir ce rêve. Continue !!! ne t'arrête pas là, laisse ton encre se vider sur ces pages car ton style est fort original, j'adore !!! Merci pour ce partage !!