André Louis, qui consacra de longues et studieuses années à l’archipel de Kerkenah et y entreprit un «nouveau périple par le dedans», a dégagé avec force son caractère maritime par opposition à Djerba beaucoup plus terrienne : «Kerkennah, un archipel aux villages orientés vers la mer et qui ne vivent que pour la mer ; un archipel isolé par les bancs de sable qui l’entourent ; un archipel pauvre et surpeuplé… A Kerkennah tout parle de la mer».
L’archipel comprend deux îles principales : la plus grande est Kerkennah qui a donné son nom à l’ensemble, la deuxième au sud- ouest s’appelle Mellita. Cinq autres petits îlots non habités et peu étendus s’éparpillent autour de la grande île dans sa partie nord. La superficie totale atteint à peine 180 km2.
Kerkennah tire de son sol aride ce qu’il est possible d’en tirer. Dans de minuscules jardins, les femmes – car les hommes sont souvent à la mer – font pousser l’orge, l’olivier, la vigne, le figuier, et surtout le palmier. Un palmier qui donne des dattes de qualité moyenne et de l’excellent vin de palme. Il donne surtout la matière première d’un artisanat de paniers, nasses, claies… nécessaires aux pêcheries et à la pêche. En matière d’artisanat, les Kerkenniens sont aussi les grands spécialistes de la corde qu’ils fabriquent à partir de l’alfa. L’essentiel des cordages, de la vannerie et de la sparterie traditionnelle qu’on trouve dans les souks de Sfax proviennent de Kerkennah.
Kerkennah tire l’essentiel de ses revenus de la mer. Quotidiennement les pêcheurs de l’île vont à Sfax vendre leurs poissons. Les poulpes et les éponges apportent pendant deux saisons un complément appréciable. Leur pêche et surtout leur traitement sont une spécialité des habitants de l’archipel.