Le projet éducatif du Lycée Louis Orban : un défi pour redonner du sens au monde de demain.
Le Lycée Louis Orban est une école secondaire belge privée pouvant accueillir une vingtaine de jeunes sur base d’une lettre de motivation. La particularité du Lycée est d’être mobile puisqu’il ne se situe pas dans des bâtiments, mais bien dans un bus électrique adapté à sa fonction !
Un bus-école, c’est quoi ?
Un bus-école, c’est un autocar faisant office de classe qui peut accueillir une vingtaine de jeunes. Le compartiment à bagages contient du matériel de sport, d’art, de science, de musique, ainsi que des tables et des bancs stockés de façon à être accessibles à chaque arrêt. Dans la partie supérieure se trouvent des rangées de fauteuils. Une rangée sur deux est remplacée par un espace rangement pouvant servir de table et les fauteuils sont amovibles (lorsque le véhicule est à l’arrêt). Cette configuration permet entre autres de favoriser les travaux de groupes. Dans le bus se trouvent également six places pour les adultes accompagnants. Le bus est équipé d’écrans (minimum six) répartis sur toute sa longueur, permettant de passer des documentaires et des présentations vidéo ou PowerPoint, d’un système audio, d’une radio, et de baffles. Chaque siège dispose également d’un éclairage venant du dessus et d’un branchement pour des écouteurs reliés aux écrans et au système audio. Les espaces de rangements supérieurs sont remplacés par des étagères de livres, similaires aux étagères des bateaux.
Il s’agit en somme d’un véritable Learning Ship ! Le bus passe directement au domicile des jeunes (dans la mesure du possible) ou à des arrêts préalablement convenus entre le pouvoir organisateur et les parents, et redépose les moussaillons au même endroit en fin de journée. Il ne s’agit donc pas d’un internat mais bien d’une forme nouvelle d’école secondaire mobile.
Un bus pour qui ?
Ce bus est destiné à accueillir des élèves de niveau secondaire (à partir de douze ans) au nombre de vingt, tout âge confondu. Il est adapté tant à l’apprentissage des jeunes en décrochage qu’à celui de ceux qui présentent des « facilités ». Il est toutefois essentiel de présenter une lettre de motivation pour intégrer cette école dans laquelle aucune évaluation n’est effectuée par les maîtres. Les jeunes peuvent être issus de n’importe quel milieu social, le montant de l’inscription étant calculé à partir du revenu des parents. Le bus s’adresse à des jeunes qui souhaitent apprendre en participant à la création collective des savoirs et à la production d’œuvres et d’articles. Le but de cet enseignement n’est pas de réussir le Certificat d’Enseignement Secondaire Supérieur (CESS, équivalent du BAC français), mais bien de développer son propre talent et de se préparer à la vie d’adulte dans le monde de demain. Un accompagnement est cependant prévu pour tous les élèves souhaitant passer les examens de jury proposés par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Chaque jeune peut donc officiellement valider ses apprentissages afin d’avoir accès à différents types de cycles supérieurs. Le pouvoir organisateur ne croit pas en l’obligation de présence, c’est pourquoi seuls les jeunes les plus motivés sont acceptés lors des inscriptions. En effet, les absences ne sont pas sanctionnées, c’est pourquoi nous retenons la motivation comme premier facteur excluant l’absentéisme. Les jeunes peuvent faire des « demandes de stage » chez des particuliers deux jours par semaine (ou de façon plus condensée si cela s’avère nécessaire) afin de leur permettre d’explorer tout type de métier de façon intime et personnelle. Il s’agit donc d’un enseignement qui revalorise les filières techniques et professionnelles en remplaçant l’obtention d’un diplôme en tant que but par l’épanouissement personnel et la préparation à une vie adulte autonome et libre. Si un jeune veut élever des chèvres dans les montagnes, il est par exemple amené à rencontrer un éleveur belge et à observer son métier lors d’un stage. S’il souhaite au contraire devenir avocat d’affaires, il est également encouragé à effectuer un stage d’observation, avant d’établir son programme personnel d’apprentissage. Nous estimons qu’il est peu efficace de demander à un jeune de s’orienter professionnellement avant d’avoir été confronté à la diversité des possibilités qui s’offrent à lui. Il n’y a donc aucun « choix d’options » fixe. Ce sont les perspectives d’avenir personnel qui déterminent la constitution du cursus de chaque jeune.
Ce lycée est également adapté à tout type d’intelligence puisqu’aucune méthode d’apprentissage ou de travail n’est imposée. Bien que diverses pédagogies soient proposées par les maîtres, ces derniers se savent et se revendiquent en situation d’apprentissage continuel par la confrontation avec chaque jeune, chaque jour. Il est donc important d’accepter que les jeunes n’aient pas obligatoirement de syllabus ou de manuels scolaires classiques, bien que cela soit également possible. Le Lycée Louis Orban s’adresse donc à un public averti, prêt à relever le défi de la nouveauté. L’axe didactique est celui du biomimétisme des apprentissages et de la connaissance (valorisation des questionnements et de la curiosité naturelle, pas d’imposition de rythme de cours ou de modules à valider, apprentissage par observation, imitation, exercices sous forme de jeu, etc.) et des méthodes neuroergonomiques (ce n’est pas au cerveau du jeune à s’adapter au contenu des apprentissages mais bien aux apprentissages à s’adapter au fonctionnement du cerveau des personnes présentes). L’axe pédagogique est quant à lui largement inspiré des méthodes actives (type Decroly ou Montessori), et de la pédagogie Freinet, axée sur le développement de l’esprit critique et citoyen des jeunes et sur la co-construction des règles de vie entre jeunes et maîtres au sein de l’école. D’autres types de pédagogies ont également inspiré ce projet qui, bien qu’il ne décloisonne pas l’apprentissage des méthodes de recherches propres à chaque discipline (chaque champ de recherche conserve ses propres outils), en décloisonne les expériences concrètes afin de réinsérer les apprentissages dans le réel, le désir de vivre, l’épanouissement et l’accomplissement personnel.
Un bus pour faire quoi ?
Un bus pour faire des excursions, des visites, des cours à l’air libre quand il fait beau et à l’intérieur quand il pleut, pour s’affranchir des problèmes d’horaires et de ramassage scolaire, pour ne pas sentir la routine s’emparer de la curiosité naturelle des adolescents, pour aller vers les chercheurs et praticiens passionnés. Permettre aux jeunes d’apprendre en se confrontant à un panorama changeant de réalités sociales, culturelles, professionnelles, c’est intégrer les avantages d’une éducation d’élite (comme cela se faisait pour les jeunes hommes du 19e siècle qui, accompagnés d’un précepteur, parcouraient l’Europe afin de parfaire leur éducation) avec ceux d’une éducation moderne et active, axée sur la coopération, l’esprit critique et la diversité des apprentissages. Le fait d’apprendre en se déplaçant est une façon de mettre à profit la curiosité naturelle, l’attrait des jeunes pour les voyages et les expériences nouvelles.
L’adolescence est une phase importante de notre vie, notamment en matière de sociabilité ; c’est d’ailleurs la raison pour laquelle les jeunes sont si souvent absorbés par leur smartphone, leurs textos, leurs conversations Messenger, etc. La sociabilisation adolescente, c’est le fait de vivre des choses avec d’autres jeunes. Cela ne peut se faire dans une classe où, huit heures durant, nous exigeons d’eux qu’ils restent calmes et attentifs (non pas comme des grenouilles mais bien comme de sages moutons). Nous avons donc imaginé un enseignement se répartissant (sur base volontaire du jeune !) entre des activités encadrées par les maîtres (à l’initiative de ces derniers ou à celle des jeunes) et des moments réservés aux projets personnels (pouvant inclure la préparation au CESS mentionnée précédemment). Le basculement des apprentissages dans un cadre mobile et actif permet également aux jeunes de sortir des carcans sociaux associés aux bâtiments scolaires ou à la rigidité d’un espace circonscrit (la bande de filles qui traîne près des toilettes, les brutes qui s’accaparent le terrain de basket, les geeks de la fanfare, et autres stéréotypes véhiculés inconsciemment par les dispositions logistiques dans les établissements scolaires). Si chaque journée est différente, il est davantage possible de se réinventer chaque jour en tant que personne en pleine évolution (ce que sont indéniablement chacun des adolescents qui peuplent nos mondes). Vivre chaque jour différemment, c’est également stimuler sa mémoire, chaque journée étant associée à des apprentissages, et stimuler l’envie de partager ses expériences avec sa famille, ses amis, etc. Car sociabiliser pour un ado, c’est entre autres avoir quelque chose à raconter de passionnant en retrouvant la famille ou les copains.
Le rôle du maître n’est donc plus de maîtriser sa matière ou ses élèves, mais bien d’être capable d’encadrer des jeunes lors des activités et de les guider dans leur cheminement personnel. Il est évident que toute la connaissance traditionnellement enseignée dans le secondaire ne peut pas émaner des jeunes et de leur curiosité et que, par conséquent, les maîtres sont également disposés à proposer et à rendre accessibles des savoirs plus complexes ou difficilement abordables par des questionnements propres aux élèves. Ils sont également garants d’un accompagnement méthodologique en cas de besoin. Les élèves, bien que passagers d’un bus, ne progressent donc pas « en roue libre ».
Le fait de se déplacer dans un espace réduit encourage également jeunes et maîtres à économiser l’espace et le matériel (l’utilisation d’ardoises plutôt que de blocs de cours est par exemple encouragée) et à éviter les accumulations de choses, d’objets, de tableaux, etc. Le concept d’utilité du matériel et du savoir est bien ancré au centre de ce projet.
Modalités pratiques
Ce bus n’existe pas encore et pourrait être créé grâce au soutien de ceux qui croient en ce projet. Ce dernier est porté par des enseignants et professionnels belges et se réalisera donc prioritairement dans une zone géographique contenue entre Bruxelles et Charleroi. Plusieurs types de dépenses nécessitent des récoltes de fonds et des moyens de financement participatif. Le premier type correspond à l’achat du bus, à sa transformation et son équipement, et au paiement de la formation de deux des trois maîtres afin qu’ils deviennent conducteurs de bus agréés. Le deuxième type est le salaire des maîtres, au nombre de trois, comprenant un plein-temps et deux mi-temps. Le troisième est beaucoup plus fluctuant et concerne les activités et excursions (comme par exemple les prix d’entrée des musées).
Les fonds récoltés serviront dans un premier temps à assurer le bon fonctionnement de la première année de cours. Le minerval versé par les parents des jeunes la première année servira à nourrir le fond de roulement de l’année suivante et ainsi de suite. Tant que ce projet ne bénéficie pas de sources stables de financement, il sera nécessaire de lever des fonds de façon permanente auprès d’organismes officiels et de particuliers, notamment via la publication d’articles et de comptes-rendus d’activités sur la plateforme Steemit (n’hésitez donc pas à commenter et partager cet article !). Il s’agit pour l’instant d’un projet d’école privée, ce qui signifie à la fois qu’il ne bénéficie d’aucun financement alloué aux réseaux d’enseignements officiels, mais également qu’il n’est redevable à aucune institution, ce qui garantit une réelle liberté dans les méthodes et les outils d’apprentissage. Ce projet n’est lié à aucune école spirituelle ou morale, aucune religion, et reste donc ouvert à tous. Il est en outre lié à une Association Sans But Lucratif (ASBL Souls Connection) qui promeut, entre autres, des projets d’éducation permanente. Les fonds récoltés seront donc reversés intégralement à cette ASBL (à son volet éducation) qui assurera la transparence des budgets par une publication des comptes liés à ce projet de bus-école.
Merci pour votre lecture attentive, n’hésitez pas à nous contacter pour de plus amples informations ou pour nous communiquer vos « bons plans » de toute sorte à l’adresse mariedemuijlder@gmail.com ou via le compte Steemit mariezitkalasa.
Ce projet est un projet pilote qui, s’il prend forme et s’avère être un succès, pourra se développer de par le monde à la suite d’initiatives privées et grâce à l’intermédiaire de diverses associations de promotion de l’éducation permanente.
Merveilleux projet Maria.
Woww quel beau projet. Merci de nous tenir informés des avancements de ton projet. Courage :)
Merci :) j'y veillerai !
Nice post... I love Education world
I'll soon post a translation in english for everyone to understand the concept.
Main idea is that I give class (as a teacher) but my classroom is a schoolbus. It allows us to travel and learn in the real world :). I am looking for donnations to open the school to students who can't afford it. Every Steem will be redirect towards a fund for those students.