Des cas d'usages de l'interopérabilité des blockchains

Dans le cadre de mon Master Mathématiques, Finance Computationnelle, Actuariat, la question suivante m'a été posée :

Le protocole Polkadot a pour objectif d'offrir une plateforme grâce à laquelle des blockchains spécifiques appelées "parachains" pourraient "communiquer". Pouvez-vous détailler un (ou plusieurs) cas d'usage qui mettrai(en)t en évidence la valeur ajoutée créée par la possibilité des parachains de "communiquer » ? Quels sont les compromis / les coûts à payer pour atteindre l'objectif de Polkadot ?

Je vais donc tenter d'y répondre dans ce post.

Tout d’abord, avant de parler de parachains, d’interopérabilité et de répondre à la question, commençons par faire un bref rappel de ce qu’est le projet Polkadot.

Polkadot est un protocole décentralisé, créé par Gavin Wood en 2017, conçu pour connecter et sécuriser des blockchains. Le but de ce projet est alors de permettre la transmission d’informations entre différentes blockchains.

Le réseau a par conséquent une architecture bien particulière constituée des éléments suivants :

• La Relay Chain
• Des Parachains
• Des Parathreads
• Des Bridges

Nous allons ici nous intéresser aux parachains.

Si vous souhaitez avoir plus d’informations à propos du projet Polkadot, un de mes anciens posts est disponible grâce au lien ci-dessus :

                    https://peakd.com/hive-114606/@valcvr/presentation-du-projet-polkadot

Les parachains sont au cœur du réseau Polkadot et la plupart des opérations effectuées sur le réseau leur sont déléguées.
Elles possèdent une grande liberté pour construire leur réseau et ont même la possibilité de créer leur propre token natif pour leur blockchain.
Ces parachains sont ainsi connectés les unes aux autres par la relaychain tout en ayant des garanties de sécurité communes. Les projets voulant obtenir un emplacement de parachain doivent cependant participer à des enchères car le nombre de places est limité.

Nous allons voir maintenant quelques cas d’usage qui permettraient de mettre en avant la valeur ajoutée créée par la possibilité des parachains de « communiquer ».

Cette capacité à communiquer s’appelle l’interopérabilité.

L'interopérabilité est la capacité de partager des informations entre différentes blockchain. Elle permet aux utilisateurs de voir et d'accéder facilement aux informations sur divers réseaux blockchain.
Par exemple, on pourrait envoyer des informations de la blockchain Ethereum à la Blockchain EOS.

On peut alors noter un premier avantage : cela permet de rendre le monde des blockchains et des cryptomonnaies plus « user-friendly ».
En effet, dans un monde où les blockchains sont interopérables, les utilisateurs peuvent effectuer des échanges leurs coins entre les différentes blockchains directement depuis leur wallet sans se soucier de l’exchange à utiliser.
Cela pourrait permettre également aux entreprises d’incorporer plus facilement le monde des blockchains à leur univers. En effet une technologie sans contrainte de communication facilitera l’adoption de celle-ci par une grande variété d’acteurs.

Je vais donc maintenant vous présenter 4 cas d’usage que je trouve intéressant et qui démontre l’intérêt d’avoir des blockchains communicantes :

Les Paiements numériques

Les normes de communication existantes dans les réseaux de paiement que nous utilisons au quotidien ralentissent les transferts d'argent. Pendant le confinement provoqué par la pandémie du Covid-19, il est devenu évident que les paiements numériques devaient être facilités. Des expérimentations de blockchains interopérables pour les paiements ont été menées entre les autorités monétaires de Singapour, du Canada, de la Banque centrale européenne et de la Banque du Japon.

L’identité numérique

Les utilisateurs peuvent tirer parti des services basés sur la blockchain pour vérifier leur identité, contrôler et partager des données mais aussi conclure des accords avec d'autres. La vérification d'identité ne doit donc pas être verrouillée sur une seule plate-forme mais elle doit plutôt être compatible avec tous les systèmes où un utilisateur doit prouver son identité, d’où l’intérêt de blockchain interopérables.

Supply chains

La supply chain représente les étapes d’approvisionnement, du processus productif et de distribution de la marchandise.
Il devrait y avoir plus de connexion entre les différents systèmes de données et les acteurs en matière de logistique. Les supply chains fragmentées limitent l'utilisation de la blockchain et l'interopérabilité devrait résoudre ce problème.

Systeme de soins de santé

Les institutions médicales et les patients peuvent bénéficier d'un échange de données de santé transparent via la blockchain. Pour les gens, c'est un meilleur accès à toutes les données de traitement en un seul endroit. Pour les institutions médicales, la collecte de statistiques et la réalisation de recherches peuvent être facilitées.
L’organisation américaine Healthcare Information and Management Systems Society est l'un des pionniers dans le domaine de l'interopérabilité des blockchains de santé.

Pour bénéficier de tous ces cas d’usage potentiel, Polkadot à des « coûts » à payer. Notamment celui d’une architecture complexe comme on peut le voir au vu du nombre de composants et d’intervenants au sein du réseau.

Pour rappel voici la liste :

Polkadot doit également faire face à un nombre de place limité pour les projets parachains. Pour cela, comme nous l’avons dit précédemment, un système d’enchère a été mis en place. De plus un projet ayant remporté une enchère ne peut rester sur le réseau que pour une durée de 2 ans maximum ce qui peut empêcher certains projets ayant du potentiel de voir le jour s’ils n’arrivent pas à remporter ces enchères ou ayant des objectifs plus long terme.

Ainsi comme nous l’avons vu, l’objectif de Polkadot d'offrir une plateforme grâce à laquelle des blockchains pourraient « communiquer" à surement un avenir très prometteur au vu des différents cas d’usage que nous avons pu voir ici car l’impossibilité des blockchains de pouvoir interagir entre elles sans aide extérieure est un des seuls défauts de cette nouvelle technologie. D’autres projets comme Cosmos, qui se présente comme l’internet des blockchains, travaillent également sur cet objectif.