Pour quelles raisons les vaccins sont-ils sujets à tant de méfiance ?

in #busy7 years ago

Depuis le 1er janvier 2018, en France, il est obligatoire de faire vacciner tout nouveau-né contre onze maladie. Et cela entraîne dans l'hexagone une grande méfiance !
Ceci étant il ne faut pas croire que l'inquiétude liée aux vaccins est une nouveauté ! Les premières grandes campagnes de vaccination ont même parfois provoqué de violentes émeutes dans certains pays comme le Brésil ou l'Angleterre. En fait, la méfiance a toujours existé.
D'une manière générale, on recense quatre grands motifs de rejets :

  • l'inquiétude sur la sécurité et les effets indésirables des vaccins
  • la critique des gros profits réalisés par les laboratoires pharmaceutiques
  • la revendication du choix de refuser les vaccins
  • la volonté de laisser faire la nature et de tomber malade pour "renforcer" naturellement son corps (ce que je trouve assez osé !)

Ce qui est nouveau en France, c'est l'ampleur que prend cette inquiétude, bien que les "méfiants" restent minoritaires. En 2016, un peu plus de 75% des personnes de 18 à 75 ans interrogées par des experts de la santé ont déclaré être favorables à la vaccination en général. Or, cette opinion positive a diminué significativement par rapport aux années 2000 et 2005 (où elle était supérieure à 90%).
Pourquoi 1 Français sur 4 se déclare-t-il inquiet à ce sujet ? Probablement à cause d'un mélange de rumeurs et d'une large diffusion d'études qui semblent montrer que les vaccins sont dangereux pour l'organisme ou qu'ils peuvent provoquer des maladies graves ! Des discours effrayants sont diffusés sur Internet (et peut-être même en avez-vous lu quelques uns) et cela peut provoquer des doutes.
Enfin, "the last but not the least", la vaccination est victime de son succès : les malades sont plus rares et certaines pathologies tombent dans l'oubli. Au point que l'on finit par se méfier davantage du vaccin que de la maladie contre laquelle il nous protège !

Et vous - au moins pour les Français - êtes-vous inquiet ou non ???

Sort:  

Je pense que tout et n'importe quoi à un inconvenient et un avantage. L'avis sur les vaccins à de quoi laisser perplexe car c'est un avis complexe, l'obligation fait peur en soit mais les personnes non vaccinés qui réfutent peuvent faire peur aussi. Aujourd'hui nous sommes libre de voyager, de se mélanger à tout et à tous, il faut aussi en porter la responsabilité, protéger la communauté humaines, ainsi que sa patrie

Je suis d’accord 😉

Pareil ! ;) il y a un principe important qui s'appelle "l'effet de la harde", ou "l'immunité grégaire" : Si 95% de la population est protégée contre un germe, la rougeole par exemple, le virus ne circule quasiment plus (car les porteurs qui le véhiculent sont immunisés), et les 5% non vaccinés sont ainsi protégés. C'est utile quand dans les 5%, il y a des gens très malades (Sida, cancer par exemple) qui ne peuvent pas être vaccinés. Se vacciner, c'est aussi un geste citoyen pour protéger les autres ;)

Le vaccin contre l’hépatite B a été largement utilisé en France ces dernières années et plus de 20 millions de personnes ont été vaccinées. Plusieurs cas signalés ont donné à penser que le vaccin contre l’hépatite B pouvait être associé à des cas nouveaux ou à des rechutes de scléroses en plaques.

Il y a de quoi avoir quelques réticences ^^

Merci de cette précision qui éclaire l’info 👍🏻

En effet. Mais pour chaque cas supposé de sclérose en plaque lié au vaccin, combien de milliers de personnes ne mourront pas de l'Hépatite B? :)

Bonjour, et tout d'abord, merci pour ce poste. Un sujet d'actualité et d'une grande importance, qui laisse peu de monde insensible je pense.

A titre personnel, je suis jeune pédiatre, et bien sur fortement engagé pour le maintien d'une forte couverture vaccinale. Tu reprends parfaitement les 4 écueils principaux, et je souhaiterai y ajouter quelques remarques supplémentaires, quelques "pistes" de réflexion.

La société évolue, et nous sommes passés d'un modèle de médecine "paternaliste", qu'ont connus nos parents et grands-parents, où le médecin détient le savoir, et l'impose aux gens qui suivent son conseil, vers un modèle où les droits du patient sont renforcés, notamment son droit à l'information, de choix "éclairé, de plus en plus revendiqué. Je pense que c'est une bonne chose. La société évolue, et il faut évoluer avec, à nous de faire preuve de pédagogie, et d'expliquer l'intérêt de la vaccination. C'est pourquoi je regrette quelque peu cette mesure coercitive rendant à rendre obligatoire à la vaccination, même si je pense qu'elle sera bénéfique.

On parle souvent des profits réalisés par les laboratoires pharmaceutiques. Ce que l'on ne sait pas, ou peu, c'est que les vaccins sont parmi les produits les plus chers à développer et à produire, de par leur grande complexité. Les normes les encadrant sont très contraignantes, et leur prix est encadré par l’État. Ainsi, finalement, les laboratoires ne font quasiment aucune marge sur la vente des vaccins. Les produits qui leur rapportent le plus, c'est l'homéopathie ; et même si je n'ai rien contre à titre personnel, l'homéopathie n'a jamais fait la preuve de son efficacité, alors que la vaccination est un des deux progrès majeurs de la santé ces derniers siècles, avec l'hygiène et l'accès à l'eau potable. Situation plutôt paradoxale.

Les effets indésirables des vaccins... Ils existent, et celui qui vous prétendra le contraire est un menteur, ou un charlatan. Cependant... En comparaison avec le nombre de vies sauvées... C'est bien là le problème, comme tu le dis, les vaccins sont victimes de leur succès : pour 1000 cas de maladies évitées par le vaccin, on aura peut-être un effet indésirable grave lié au vaccin. Le rapport bénéfice-risque est incroyablement élevé, aucun médicament au monde ne peut prétendre à mieux. Mais les 1000 personnes qui auront été sauvées n'en savent rien, elles ne recevront pas un texto leur disant "Bonjour, aujourd'hui, tu aurais du tomber gravement malade, mais la vaccination t'as protégé". Mais le cas de celui qui tombe malade de par le fait du vaccin fera le tour de la presse.

Au cours de ma formation, je suis passé dans des services de réanimation où j'ai vu mourir des enfants d'infections qui auraient pu être évitées par la vaccination : rougeole, méningite à pneumocoque, à hémophilus. L'impression de gâchis est terrible, immense. C'est toujours terrible de perdre un enfant, le sentiment de culpabilité est insoutenable quand on se dit qu'un vaccin aurait pu éviter ça.

Une phrase que l'on entend souvent, quand à l'immunité naturelle, de la part de parents "Ho, ça va, la coqueluche (ou la rougeole, ou ce que vous voulez), nos grands-parents l'attrapaient, et ça n'a jamais tué personne"... Non certes, vos grands-parents ne sont pas morts... Mais ceux qui sont morts à l'époque n'ont peut-être pas vécu assez vieux pour avoir des petits enfants qui aujourd'hui banalisent des maladies graves.

Ce qui se fait ailleurs, dans d'autres pays : en Angleterre par exemple, la jurisprudence est en train d'évoluer. Il y a eu plusieurs condamnations de patients hospitalisés au remboursement des frais d'hospitalisation à l'Etat ; motif? Ils avaient contractés une pathologie évitable par la vaccination (ici une hépatite en l’occurrence), vaccination qu'ils avaient refusé. Je ne pense pas que ce soit la meilleure idée du siècle, mais cela doit engager une réflexion : la société nous aide, les frais hospitaliers nous sont en grande partie remboursés, les médicaments, les vaccins... Que peut-on faire pour aider la société à diminuer les coûts, diminuer les hospitalisations, les décès? Se vacciner.

Enfin, il faut savoir que si une grande partie des français est indécis, et bénéficierait sans doute d'une information loyale, éclairée, les anti-vaccinaux purs et durs ne sont qu'une toute petite minorité, 2-3% des français. Vous aurez beau mettre en place toutes les mesures que vous voulez, ils resteront toujours, par conviction, par parcours de vie parfois (l'oncle qui a eu un effet indésirable grave) hostile à la vaccination. Et feront campagne contre, notamment sur internet, en jouant sur l'émotion, ou en agitant le chiffon du doute, de la peur, même si aucune étude n'a jamais remis en cause les bénéfices de la vaccination face aux rares effets indésirables... Et dans les faits, on ne prend pas plus de risque en se vaccinant, qu'en sortant dans la rue pour acheter du pain, ou en prenant sa voiture pour aller travailler...

Désolé pour ce commentaire fleuve, mais il y aurait tellement de choses à dire encore !

Bien au contraire.... Merci pour ce long commentaire fleuve qui apporte un éclairage très intéressant et qui, je l'espère sera utile au plus grand nombre. Moi aussi je suis POUR la vaccination. Ne prenons aucun risque avec nos enfants ;)