PROPOSITION POUR UNE DEMARCHE DE RECHERCHE
AXE 2 : « Professionnaliser les infirmiers intégrant le secteur de la santé mentale »
- Enjeux et objectifs de la recherche
Objectifs du dispositif de professionnalisation étudié
L’axe à analyser porte sur un dispositif de professionnalisation dédié aux infirmières entrant
nouvellement en fonction au sein du secteur psychiatrique et s’engageant dans une démarche
de spécialisation propre au champ de la santé mentale.
Cette action est conçue et pilotée par l’EPSM Lille-Métropole. Son objectif central est de
spécialiser la pratique professionnelle des infirmiers. A travers la mise en place de formations
complémentaires et de tutorat. Ce dispositif doit permettre au corps professionnel des infirmiers
de gagner en compétences et d’être toujours plus pertinent dans les soins prodigués aux patients.
On recherche par ailleurs, à travers cette finalité de développement professionnel, la
construction d’une identité propre à la profession d’infirmière spécialisée et exerçant dans le
domaine de la santé mentale.
Enjeux sociaux liés à l’intention de professionnalisation au sein de l’EPSM
Pourquoi professionnaliser ? Les actions de professionnalisation peuvent présenter des finalités
variables. Le dispositif mis en place au sein de l’EPSM et faisant l’objet de cette proposition
présente deux enjeux : - La qualité et la pertinence des soins apportés par les infirmiers en réponse aux
besoins manifestés par les patients. La démarche de professionnalisation traduit ici un
besoin de l’établissement de disposer d’une capacité d’action adaptée à la spécificité de
son secteur d’activité. C’est pourquoi le dispositif vise à permettre une spécialisation des
savoir-faire et le développement des compétences propres au champ de la santé mentale.
398 - La valorisation de l’identité professionnelle des infirmiers exerçant dans le domaine
de la santé mentale. Ce point peut se décliner dans un premier temps à travers un objectif
de socialisation professionnelle. Dans ce sens, on attend du sujet en voie de
professionnalisation qu’il opère une construction de lui-même à travers l’expérience
vécue dans le secteur de la santé mentale, et plus particulièrement au sein de l’EPSM
Lille-Métropole. Dans un second temps, on peut envisager cette valorisation de l’identité
professionnelle sous l’angle de la reconnaissance du groupe professionnel que composent
les infirmiers. Le dispositif répond alors à un enjeu de renforcement identitaire d’une
profession caractérisé notamment par son histoire, le public auprès duquel elle intervient
ou encore les types de pathologies concernées par son action.
Une démarche d’évaluation de ce dispositif sera donc amenée à considérer ces deux enjeux,
que ce soit dans l’établissement de critères d’appréciation ou dans le choix des méthodes
d’analyse.
Evaluer un dispositif de professionnalisation
Les enjeux centraux identifiés précédemment distinguent deux objets sur lesquels il pourra être
important de concentrer l’analyse lors de la mise en œuvre du dispositif d’évaluation : la
pertinence de l’activité de travail et la construction de l’identité professionnelle. A ce titre, le
dispositif d’évaluation pourra présenter un double objectif :
➢ Estimer et développer la pertinence de l’activité des jeunes277 infirmiers
➢ Apprécier et valoriser leur construction identitaire
Au regard de ces deux objectifs, on peut pressentir que la mise en œuvre d’un dispositif
d’évaluation pourra impliquer deux difficultés centrales :
● D’une part, les actions de professionnalisation entraînent des processus complexes. Elles
convoquent en effet une variété d’éléments présentant un potentiel d’analyse plus ou moins
visible et accessible (actions de formation, développement identitaire, transfert des
apprentissages, ...). Elles donnent alors lieu à l’incertitude quant à leur impact concret dans
l’espace social. Les évaluer implique donc de prendre en compte et de traiter cette
complexité.
● D’autre part, il est important de noter que les objectifs pressentis du dispositif d’évaluation
correspondent à des approches distinctes. En effet, l’analyse de pertinence de l’activité
pourrait relever d’une démarche de contrôle. Alors que l’analyse d’un processus de
construction identitaire relèvera davantage d’une appréciation de l’expérience vécue par
les individus au sein de l’EPSM et du groupe professionnel des infirmières. La difficulté
potentielle relève ici d’une interrogation quant à la coexistence de ces deux formes d’analyse.
On peut en effet envisager une incompatibilité entre le contrôle de la pratique professionnelle
et la collecte des données réelles liées à l’expérience de l’individu faisant l’objet de ce même
contrôle.
Dès lors, on peut considérer qu’une démarche de recherche aurait pour objectif d’analyser la
complexité caractérisant les démarches de professionnalisation. Elle viserait également à
277 L’emploi du mot « jeune » désigne une prise d’activité récente dans le secteur de la santé mentale.
399
étudier et mobiliser des formes d’analyse adaptées et compatibles entre elles. La recherche
viserait alors à réduire autant que possible les incertitudes liées à la spécialisation des
infirmiers et proposerait des clés de lecture de l’activité et de l’expérience des infirmières
en voie de professionnalisation. La recherche constitue en cela une démarche possible
d’évaluation.
Objectif de la recherche et problématiques émergentes
La finalité de la démarche proposée consiste donc à procéder à une analyse des processus de
professionnalisation des infirmiers concernés par les actions de l’axe 2 décrit précédemment.
Pour atteindre cet objectif, on peut procéder à une investigation tentant de traiter trois questions
centrales :
• Quels sont les acteurs, lieux et dynamiques intervenant effectivement dans le
dispositif et de quelles manières agissent-ils sur les processus de
professionnalisation ? Identifier l’ensemble des éléments humains et non-humains
agissant, directement ou indirectement, en lien avec l’intention de professionnaliser les
infirmiers permet de constituer les fondations pour analyser la complexité énoncée
précédemment.
• Dans quelles mesures les processus de professionnalisation à l’œuvre exercent-ils
une action transformatrice sur l’activité professionnelle des infirmiers et, plus
globalement, sur l’activité de l’EPSM et de la profession infirmière en psychiatrie
et santé mentale ? Considérant que la démarche de professionnalisation implique un
déplacement dans le rapport des personnes avec les savoirs, les activités et les
environnements professionnels, on peut questionner les changements observables afin
d’identifier les traces laissées par les processus de professionnalisation.
• Comment le dispositif de spécialisation agit-il sur le développement identitaire
professionnel, que l’on parle à la fois des personnes en voie de
spécialisation (identité individuelle) ou du groupe professionnel composé par les
infirmières (identité collective) ? La mise en œuvre d’un tel dispositif relève en effet
d’un ensemble d’expériences individuelles et collectives contribuant à la construction
d’un soi-professionnel ainsi que d’un nous-professionnel. L’analyse de ces
développements apparaît centrale dans l’étude de l’impact d’une action de
professionnalisation.
Hypothèses de recherche
Cette démarche de recherche est envisagée selon trois hypothèses :
- L’analyse des seuls éléments constitutifs du dispositif piloté par l’EPSM ne suffit pas à
rendre compte du changement opéré. Des éléments (acteurs humains et non-humains)
exercent, de manières parfois informelles, une influence sur l’impact du dispositif de
professionnalisation. - Les traces laissées par les processus de professionnalisation permettent d’alimenter les
données de l’évaluation et d’apprécier l’impact du dispositif de spécialisation.
400 - La pertinence recherchée dans l’activité professionnelle des infirmiers et la valorisation
de l’identité professionnelle sont des processus associés dans la recherche d’une
reconnaissance professionnelle. - La forme du dispositif d’évaluation aura un impact sur le sentiment de reconnaissance
de la personne en voie de professionnalisation et parallèlement sur le développement de
son identité professionnelle. - Mise en œuvre de la recherche
Méthode de recherche
Pour vérifier ces hypothèses, cette démarche propose de se fonder sur une approche d’une part
compréhensive, se nourrissant de ce qui constitue, permet et amène l’action ; et d’autre part
constructiviste en cela qu’elle procèdera par une activité collaborative entre chercheur et
acteurs de l’EPSM associés au processus de professionnalisation.
Pour cela, la démarche ici proposée consiste en la mise en place et le pilotage d’un
observatoire. Celui-ci aura pour mission la collecte et le traitement d’informations permettant
une analyse approfondie du dispositif de professionnalisation et de ses différentes traductions
au sein de l’EPSM. Ainsi, on envisagera des actions adaptées aux objectifs de la recherche et à
ses étapes d’évolution telles que l’illustre la schématisation des activités de l’observatoire (voir
carte mentale, p. 11).
La posture méthodologique centrale envisagée s’attachera à identifier, observer et analyser des
éléments mettant l’environnement social en mouvement et permettant de faire émerger les
changements opérés. En ce sens, des outils spécifiques à la recherche en sciences humaines et
sociales seront mis en œuvre et pourront porter les investigations. En fonction des besoins de
recherche identifiés, on peut d’ores et déjà envisager certaines approches :
● On comptera en premier lieu la description ethnographique. La mobilisation de cette
méthode apparaît comme idéale lors de la phase d’immersion du chercheur dans le contexte
de recherche. Pendant cette période, sa perception relève de la première impression, ce qui
lui permet de découvrir et de s’étonner des observations effectuées. Ce regard neuf porté sur
le terrain favorise une énonciation des observations du chercheur fondées sur une approche
« neutre ». Mobiliser la description ethnographique vise à observer, décrire, répertorier et
cartographier les éléments du contexte étudié tels que les agencements infrastructurels,
l’organisation du travail, les relations entre acteurs, les objets mobilisés, les traces laissées
par l’activité ou encore les contraintes environnementales.
● La recherche liée aux processus de professionnalisation peut recourir, en second lieu, à
l’analyse du travail. La mobilisation d’une telle approche répond à l’enjeu de pertinence de
l’activité de soignant recherchée à travers le dispositif de professionnalisation. Selon les
paramètres de l’enquête et les possibilités liées au terrain d’études, on peut procéder à l’étude
du travail à travers différentes entrées rattachées à l’analyse de l’activité ou celle de la
pratique. Quels que soient la forme et le temps (in situ ou ex situ) choisis, cette approche
amène l’individu à procéder à un retour sur son activité de travail et mener une analyse
réflexive sur celle-ci. Il peut ainsi identifier et mettre en mots des éléments d’analyse tels
401
que des écueils auxquels il est confronté, des points d’amélioration constatés ou encore des
axes de progression.
● En troisième lieu, on pourra recourir aux techniques de l’entretien et plus précisément,
celle dite du récit de vie. Le choix de cette méthode est particulièrement motivé par le besoin
de recherche lié à la construction et la valorisation de l’identité professionnelle. Par le biais
d’une écoute active, l’individu est invité à partager son itinéraire de vie professionnelle de
façon approfondie. L’exercice consiste alors à explorer le parcours de la personne en se
basant sur la mémoire du locuteur et sur le partage qui en est fait. Le chercheur tente, à
travers cette mise en mots de l’expérience, d’identifier les éléments qui interviennent dans
l’itinéraire du sujet et sont constitutifs de son identité. Par ailleurs, l’audition d’une variété
d’individus peut permettre la mise en perspective des histoires et l’émergence d’une identité
collective.
La mobilisation de ces méthodes de recherche vise à répondre aux enjeux exprimés. Elle
n’exclut cependant pas le recours à d’autres outils adaptés au terrain ainsi qu’à l’évolution de
l’investigation.
Calendrier prévisionnel
Le déroulement de la recherche est envisagé sur une période de trois ans. Elle est envisageable
à partir de cinq étapes : - Une période d’immersion permettra à travers une première approche concrète du terrain
de se familiariser avec l’établissement, ses acteurs, ses modes de fonctionnement, etc. C’est
à partir de cette première approche qu’un diagnostic du système de professionnalisation
pourra être établi ; - La mise en place de l’observatoire. Il s’agit d’une activité centrale déterminant la manière
dont pourra fonctionner l’observatoire au sein de l’établissement de santé ainsi que les
personnes associées au processus d’investigation. Cette étape permet d’agencer le
dispositif de recherche ; - L’activation de l’observatoire consiste à étudier les activités liées aux processus de
professionnalisation. C’est une période au cours de laquelle est menée une collecte
d’informations sous des formes variées. Ainsi, après avoir été agencé, l’observatoire est
piloté ; - La synthèse et le raisonnement des données est une étape concernant le traitement des
informations rassemblées et leur mise en forme en vue d’être restituées. Cette étape vise
par ailleurs à mener une réflexion sur les données observées et inférer un jugement
concernant le dispositif analysé ; - La valorisation des données implique l’utilisation des informations réunies à des fins
d’évolutions organisationnelles et sociales. A partir des connaissances générées, on peut
procéder à des actions de développement ou d’ajustement organisationnel. Dans cette
optique sera écrite la thèse de doctorat portant sur une problématique élaborée à partir des
actions de professionnalisation menée par l’EPSM.
402
Ces cinq étapes portant la démarche de recherche pourront être mises en œuvre selon la
représentation suivante :
Esquisse d’une planification des activités de recherches
Activités Année 1 Année 2 Année 3
1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 - Période d'immersion (diagnostiquer)
- Mise en place de l'observatoire (agencer)
- Activation de l'observatoire (piloter)
- Synthèse et raisonnement des données (inférer)
- Valorisation des données (valoriser)
Livrables envisageables
Il est important de préciser que cette démarche de recherche n’a pas pour objectif la seule
production d’une thèse. Au contraire, comme le montre la planification représentée dans le
tableau ci-dessus, l’étape 4 (inférer) est active dans le courant des trois années de la recherche.
En effet, cette démarche prévoit de définir plusieurs stades pour la remise d’un rapport étape278
permettant d’agir sur le dispositif de professionnalisation en fonction des actions menées. Dans
ce sens, on peut envisager un ensemble de livrables susceptibles d’être produits et permettant
d’alimenter le processus de recherche en cours.
278 Précisons qu’un rapport étape annuel est exigé par l’Association national de la recherche et de la technologie
(ANRT) dans le cadre du dispositif CIFRE. Cependant les rapports étapes mentionnés ici sont indépendants de
cette exigence.
403
Livrables envisageables
- Diagnostiquer
• Synthèse du diagnostic
• Présentation détaillée du problème
• Projet d’activité - Agencer
• Présentation du dispositif fondé sur les
observations du diagnostic
• Principe de fonctionnement de l’observatoire :
objectifs, missions, acteurs, méthodes, ...
• Description et des activités prévues et
planification - Piloter
• Synthèse des actions menées
• Cartographie des activités effectivement
observées
• Synthèses des entretiens menés - Inférer
• Synthèse des modes de participation
• Synthèse des transformations constatées liées au
dispositif de professionnalisation
• Estimation de la pertinence et de l’efficacité de
l’activité professionnelle des infirmiers - Valoriser
• Cartographie des types d’apprentissages effectués
• Conception et diffusion de nouveaux outils et
supports
• Modélisation d’une identité professionnelle
collective
• Thèse de doctorat
Pour conclure cette proposition pour une démarche de recherche, il apparaît important
d’insister sur la dimension collaborative qu’implique un tel projet. Sa bonne mise en œuvre
dépend en effet du chercheur, mais aussi des commanditaires ainsi que de l’ensemble des
acteurs concernés par l’objet de recherche, ici le dispositif de professionnalisation prévu pour
les jeunes infirmiers en psychiatrie et santé mentale.
Cette proposition comporte enfin une invitation à être discutée voire ajustée afin de donner lieu
à la mise en œuvre d’un projet de recherche reflétant les intérêts d’une action collective.
404
405
ANNEXE II : Texte de la lettre d’engagement du commanditaire
dans le dispositif CIFRE
« Je soussigné Joseph Halos, directeur de l’Etablissement public de santé mentale (EPSM)
Lille-Métropole, atteste par la présente souhaiter engager l’établissement que je dirige dans une
action partenariale encadrée par l’Association nationale de la recherche et de la technologie
(ANRT) par le biais du dispositif CIFRE. Ce partenariat sera mené en étroite collaboration avec
le Centre interuniversitaire de recherche en éducation de Lille (CIREL) et Monsieur Julien de
Miribel, doctorant en Sciences de l’éducation au laboratoire CIREL.
Dans le but de renforcer la pertinence de notre activité au regard des besoins manifestés par
notre terrain d’exercice, notre établissement poursuit un objectif général de développement de
la professionnalisation des infirmiers exerçant dans le champ de la psychiatrie et de la santé
mentale. Pour cela, L’EPSM Lille-Métropole a mis en place un dispositif de formation et tutorat
à destination des infirmiers intégrant nouvellement le secteur psychiatrique et ce, pour une
durée de 2 ans, complété par un dispositif de formation complémentaire constituant un socle de
base.
Nos intentions et engagements en termes qualitatifs nous conduisent donc à développer un
dispositif d’évaluation de cette démarche de professionnalisation. Pour cela et au regard de la
démarche complexe que représente l’évaluation d’une action de professionnalisation, je
souhaite que l’EPSM Lille-Métropole puisse travailler en collaboration avec un laboratoire de
recherche en Sciences de l’éducation et bénéficier de son expertise.
Dans ce sens, le sujet de thèse proposé par Monsieur Julien de Miribel, encadré par le CIREL
et portant sur la traduction des processus de professionnalisation, constitue une entrée de
recherche pertinente au regard de notre besoin de développement en matière de pratiques
avancées des infirmiers diplômés d’Etat exerçant dans le champ de la psychiatrie et de la santé
mentale. En cela, la mise en œuvre d’un partenariat entre le doctorant, le CIREL et l’EPSM
Lille-Métropole s’inscrit pleinement dans la ligne stratégique générale portée par
l’établissement que je dirige.
Pour mener à bien ce projet de partenariat, L’EPSM Lille-Métropole s’engage à recruter
Monsieur Julien de Miribel en qualité d’attaché d’administration hospitalière, en contrat CDD
d’une durée de 3 ans. Le doctorant sera amené à mener un travail de recherche traitant de notre
problématique portant sur la professionnalisation des ISP exerçant au sein de notre
établissement. Pour renforcer la qualité de cette démarche, le suivi scientifique des travaux
effectués par le doctorant sera confié à Madame Eliane Bourgeois, directrice des soins,
coordinatrice générale et chargée de mission au Pôle formation.
Dans un souci de qualité à la fois du projet mené et de la formation du doctorant, L’EPSM LilleMétropole s’engage enfin à mettre tout en œuvre et donner au doctorant tous les moyens pour
que le déroulement du partenariat CIFRE soit mené à terme dans les meilleures conditions et
pour que, par la suite, le doctorant soit en mesure de valoriser les acquis scientifiques et
méthodologiques de son travail.
Enfin, je reconnais avoir pris connaissance des règles d’attribution et de fonctionnement des
CIFRE pour le bon déroulement du projet partenarial ».
406
407
ANNEXE III : Document contractuel du cadre déontologique de l’entretien
L'entretien mené s'inscrit dans un travail de recherche universitaire recourant aux témoignages de
personnes. A ce titre, il renvoie à un ensemble de règles déontologiques régissant le cadre de
l’échange et l’utilisation postérieure des contenus qui en émanent. Ainsi, la personne interviewée
est informée de ces conditions préalablement à l'entretien. - La situation d'entretien s'inscrit dans le cadre d'une recherche organisée conjointement par
l'EPSM Lille-Métropole et l'Université Lille 3 sur la base d’un partenariat conventionné. - La situation d'entretien est fondée sur une proposition de l'enquêteur chargé de la recherche ainsi
que sur la démarche volontaire d'une personne interviewée, acceptant de s'exprimer sur son
expérience personnelle. - La démarche de recherche ne laisse place à aucun jugement de valeur de la part de l'enquêteur à
l'égard des dires exprimés par la personne interviewée. - L'enquêteur ne peut contraindre la personne interviewée à s'exprimer sur un point qu'elle ne
souhaite pas aborder ou approfondir. - Tout enregistrement de l’entretien nécessite l’accord préalable de la personne interviewée. Cette
dernière peut demander l’arrêt de l’enregistrement à tout moment sans avoir à justifier du motif de
sa demande. - La personne interviewée conserve la possibilité de mettre fin à l’entretien avant son terme pour
toute raison qu’elle estimera valable. - L’enquêteur est tenu à la plus stricte confidentialité concernant le contenu des échanges issus de
la situation de l’entretien. - Les informations collectées dans le cadre de l'entretien pourront être utilisées pour des usages
ayant trait à la recherche et à la communication scientifique uniquement. - Toute personne, tout lieu ou espace évoqués au cours de l'entretien seront placés sous anonymat
en cas de transcription du contenu. - En cas de communication totale ou partielle du contenu de l'entretien, et ce uniquement dans le
cadre d’une communication scientifique, la personne interviewée verra son anonymat préservé. - La personne interviewée conserve un droit de regard sur la transcription de l’entretien. Elle peut
demander le retrait de tout élément qu’elle jugerait susceptible de lui porter préjudice.
Je soussigné(e) M., Mme, Mlle ……………………………………………………………. atteste
avoir eu connaissance du cadre déontologique de l’entretien auquel je participe de manière
volontaire.
Fait à ……………………………….., le …………………………………..
La personne interviewée : L’enquêteur :
408
409
ANNEXE IV : Guide d’entretien
Tableau 25 : Guide d’entretien avec les néo-professionnels
Types de
rapports
Dimensions
du récit
Types de questions
Approche longitudinale Approche latitudinale
Soi et autrui
au prisme du
travail et de la
formation
Les processus
biographiques
□ Pouvez-vous me parler de vous (âge, formation, métier, lieu d'exercice, fonction, etc.) ?
□ Comment en êtes-vous arrivé(e) à exercer le métier d'infirmier(e) en psychiatrie ?
- Quand avez-vous décidé de vous orienter vers cette profession ?
- Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir infirmier(e) ?
- Qu'est-ce qui vous a amené à choisir le champ de la santé mentale ?
- Pouvez-vous me raconter les étapes de votre parcours ?
□ Pouvez-vous me raconter vos premières expériences comme infirmier(e) ? Comment
vous êtes-vous senti(e) ? Qu’est-ce qui vous a surpris ? Avez-vous craint de vous être
trompé(e) de voie ou au contraire vos choix ont-ils été confortés par l’expérience ?
□ Le fait d’être un homme/une femme a-t-il eu des conséquences particulières dans votre
trajectoire professionnelle ? Pourquoi ? Pouvez-vous me donner un exemple ?
● Formation et insertion professionnelle
et intégration au travail :
□ Avez-vous éprouvé des satisfactions
particulières, des moments heureux : - Dans vos choix d'orientation
professionnelle ? - Pendant votre formation ?
- Dans votre recherche d'emploi ?
- Lors de vos débuts comme
infirmier(e) ?
□ De même, avez-vous rencontré des
difficultés significatives ?
□ Qu'est-ce qui vous a marqué lors de vos
premiers jours en tant qu'infirmier(e) ? - Intégration dans le service
- Adaptation aux attentes de
l'institution - Tâtonnement, premières hésitations
- Rencontres
● Rapport au patient
□ Vous sentez-vous parfois déstabilisé(e)
dans votre relation avec les patients ?
□ Avez-vous été confronté(e) à des
situations difficiles ? Pouvez-vous me
raconter ce qui s'est passé ?
□ Vous arrive-t-il de ne pas savoir quoi
faire/dire face à un patient ?
Les processus
relationnels
□ Comment ressentez-vous votre relation avec les patients ? - Comment vous comportez-vous avec eux ?
- S'agit-il pour vous d'une difficulté/facilité particulière ?
□ Avez-vous l'occasion d'échanger sur vos pratiques : avec des collègues, votre hiérarchie,
d'autres personnes (dans un cadre associatif par exemple) ? - Pouvez-vous me parler du travail de suivi mené avec votre tuteur ?
□ Vous sentez-vous épaulé(e)/accompagné(e) dans les situations délicates ? - Vous êtes-vous déjà retrouvé(e) dans une situation face à laquelle vous pensez que
vous n'auriez pas su réagir seul(e) ? - Au contraire, avez-vous en tête une situation où vous avez été accompagné(e) et ou
cela a compté ?
□ Pouvez-vous me donner un exemple d'une expérience de travail collectif qui pour vous a
été formatrice ?
□ Vous sentez-vous reconnu(e) dans votre activité professionnelle ? Que dit-on de vous au
travail/de votre travail (collègues, cadres, patients, …) ?
410
Les choses
comme construits
sociaux
concentrateurs
d'enjeux, formes
et dynamiques
liés à l'évolution
du contexte
Le métier et la
démarche de
professionnalisation
□ Pouvez-vous m'expliquer votre métier ? - Si demain je devais vous remplacer, que devrais-je faire ?
- Que me faudrait-il savoir ?
- Quelles sont les qualités humaines nécessaires ?
□ Parmi les composantes de votre activité professionnelle, quelles tâches constituent selon
vous le cœur de métier ? - Considérez-vous avoir à accomplir des tâches ingrates ou du « sale boulot » (entendues
comme activités peu valorisantes ou qui ne devraient pas vous revenir) ?
□ A quoi correspond selon vous le travail bien fait dans votre métier ? - Estimez-vous avoir de la marge de manœuvre pour mener à bien votre travail ?
Disposez-vous d'autonomie dans votre activité de soins ? - Au contraire, vous sentez-vous bridé(e), contraint(e) d'agir d'une certaine façon ?
□ Qu'est-ce qui vous anime dans votre activité professionnelle - Au contraire, qu'est-ce qui vous vous ennuie/vous démotive/vous épuise ?
□ Votre exercice du métier correspond-il à l'idée que vous vous faîtes du métier
d'infirmier(e) en psychiatrie ? - Le métier que vous exercez vous plaît-il ?
□ Pouvez-vous me parler du dispositif de « professionnalisation et tutorat » ? - Comment se déroule-t-il ? Vous paraît-il utile ? A quelles formations avez-vous
participé jusqu'ici ?
□ Avez-vous pu déjà rencontré votre tuteur ? Comment se déroule le suivi ? Cela vous aidet-il dans votre travail ? - Les formations et le tutorat mis en œuvre sont-ils en lien avec votre activité
professionnelle ? A quoi sert ce suivi selon vous ? Pensez-vous en avoir besoin ?
□ Que vous apporte ce dispositif ? - Qu'avez-vous appris que vous n'aviez pas appris à l'IFSI ?
- Considérez-vous ce dispositif comme un bon outil pour vous accompagner dans vos
débuts dans le métier ?
□ Vous souvenez-vous d'une situation où vous vous êtes dit : « c'est formateur ce qu'on
fait » ?
□ Si demain le dispositif disparaissait, qu'est-ce qu'on perdrait selon vous ? Quelles en
seraient les conséquences ?
● Relations intergénérationnelles
□ Comment se déroule le travail collectif
avec les infirmier(e)s plus anciens ?
□ Avez-vous des désaccords sur la
manière de travailler ? Sur la façon d'agir
en psychiatrie et santé mentale ?
□ Le fait d'être jeune dans la profession
vous pose-t-il des difficultés au quotidien
(pratiques, relationnelles,
positionnements, valeurs, …) ?
● Travail accompli (l’œuvre)
□ Comment savez-vous si vous avez bien
fait votre travail ? - Rencontrez-vous parfois des
difficultés à faire du « bon travail » ? - Vous arrive-t-il de douter de la qualité
de votre travail ? Vous questionnezvous parfois sur le sens de votre
travail ?
□ Y a-t-il des réalisations dont vous
êtes particulièrement satisfait(e) ? - Pourquoi cette réalisation vous
satisfait-elle ? - Avez-vous rencontré des difficultés
pour arriver à ce résultat ? - Y a-t-il eu un prix à payer pour
parvenir à ce résultat ? Quel est le coût
de l'accomplissement de votre travail ?
● Valeurs
□ Avez-vous été confronté à des choix
difficiles (en contradiction avec vos
valeurs) ?
□ Avez-vous déjà dû faire quelque chose
contraire à vos convictions, à vos
intentions ?
411
Tableau 26 : Guide d’entretien avec les tuteurs
Types de
rapports Dimensions du récit
Types de questions
Approche longitudinale Approche latitudinale
Soi et autrui
au prisme du
travail et de la
formation
Les processus
biographiques
□ Pouvez-vous me parler de vous (âge, formation, métier, lieu d'exercice, fonction,
etc.) ?
□ Comment en êtes-vous arrivé(e) à exercer le métier d'infirmier(e) en psychiatrie ? - Quand avez-vous décidé de vous orienter vers cette profession ?
- Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir infirmier(e) ?
- Qu'est-ce qui vous a amené à choisir le champ de la santé mentale ?
- Pouvez-vous me raconter les étapes de votre parcours ?
- Etes-vous titulaire du diplôme d'ISP ou IDE ?
□ Pouvez-vous me raconter vos premières expériences comme infirmier(e) ?
Comment vous êtes-vous senti(e) ? Qu’est-ce qui vous a surpris ? Avez-vous craint de
vous être trompé(e) de voie ou au contraire vos choix ont-ils été confortés par
l’expérience ?
□ Quelles expériences vous ont marqué(e) dans votre vie d'infirmier(e) ? Les débuts,
les tournants éventuels de carrière, les « événements historiques », etc.
□ Qu'est-ce qui vous a amené à exercer une le travail de tuteur ?
□ Le fait d’être un homme/une femme a-t-il eu des conséquences particulières dans
votre trajectoire professionnelle ? Pourquoi ? Pouvez-vous me donner un exemple ?
● Changement/Evolution
□ Comment se sont déroulés vos débuts en
tant qu'infirmier(e) ? - intégration dans le service
- rapport aux patients
- rapport à la pratique professionnelle
□ Qu'est-ce qui a changé depuis ? - Comment vous êtes-vous adapté ?
● Mise en œuvre du travail pédagogique
□ Vous arrive-il de vous sentir en difficulté
dans votre rôle de tuteur(rice) ? - A quels niveaux : relationnel, méthode,
posture, découragement, etc. - Avez-vous réussi à surmonter ces
écueils ?
● Relations intergénérationnelles
□ Avez-vous rencontré des difficultés dans
votre travail avec des jeunes professionnels
du point vue du soignant comme du point de
vue du tuteur ?
□ Avez-vous des désaccords sur la manière de
travailler ? Sur la façon d'agir en psychiatrie
et santé mentale ?
● Rapport au patient
□ comment ressentez-vous votre relation avec
les patients ?
□ s'agit-il pour vous d'une difficulté/facilité
particulière ?
□ Avez-vous été confronté(e) à des situations
difficiles ? Pouvez-vous me raconter ce qui
Les processus
relationnels
□ Comment ressentez-vous votre relation avec les patients ? - Comment vous comportez-vous avec eux ?
- S'agit-il pour vous d'une difficulté/facilité particulière ?
□ Avez-vous l'occasion d'échanger sur vos pratiques pédagogiques ? - Pouvez-vous me parler du travail mené avec des jeunes professionnels ? Avec
d'autres tuteurs ?
□ Vous sentez-vous épaulé(e)/accompagné(e) dans les situations délicates ? - Vous êtes-vous déjà retrouvé(e) dans une situation face à laquelle vous pensez
que vous n'auriez pas su réagir seul(e) ? - Au contraire, avez-vous en tête une situation où vous avez été accompagné(e) et
ou cela a compté ?
□ Pouvez-vous me donner un exemple d'une expérience de travail collectif qui pour
vous a été formatrice ?
□ Vous sentez-vous reconnu(e) dans votre activité professionnelle ? - Que dit-on de vous au travail/de votre travail (collègues, cadres, patients, …) ?
412
Les choses
comme construits
sociaux
concentrateurs
d'enjeux, formes
et dynamiques liés
à l'évolution du
contexte
Le métier et
la fonction
pédagogique
□ Pouvez-vous m'expliquer votre métier et votre fonction pédagogique ? - Si demain je devais vous remplacer, que devrais-je faire ?
- Que me faudrait-il savoir ?
- Quelles sont les qualités humaines nécessaires ?
□ Parmi les composantes de votre activité professionnelles, quelles tâches constituent
selon vous le cœur de métier ? - Considérez-vous avoir à accomplir des tâches ingrates ou du « sale boulot »
(entendues comme activités peu valorisantes ou qui ne devraient pas vous
revenir) ? - Que vous attachez-vous particulièrement à transmettre aux jeunes
professionnelles ?
□ A quoi correspond selon vous le travail bien fait dans votre métier ? - Estimez-vous avoir de la marge de manœuvre pour mener à bien votre travail ?
Disposez-vous d'autonomie dans votre activité de soins ? - Au contraire, vous sentez-vous bridé(e), contraint(e) d'agir d'une certaine façon ?
□ Comment se déroulent la préparation et la mise en œuvre des contenus
pédagogiques ? - Que faîtes-vous ? Avec qui travaillez-vous ?
□ La fonction pédagogique est-elle difficile à concilier avec votre métier
d'infirmier(e) ? - Au contraire, l'exercice de votre métier en est-il stimulé ?
□ Pouvez-vous me parler du dispositif de « professionnalisation et tutorat » ? - A quoi sert-il ? Comment se déroule-t-il ?
- Que faîtes-vous pour aider le jeune à prendre du recul sur ses différentes
expériences ? - Quels résultats obtenez-vous ? Qu'observez-vous ?
□ Ce dispositif vous semble-t-il adapté aux besoins des jeunes professionnels ? - Que pensez-vous que les jeunes professionnels attendent de vous ?
□ Qu'est-ce qui vous anime dans votre fonction de tutorat ? - Au contraire, qu'est-ce qui vous vous ennuie/vous démotive/vous épuise ?
□ Si demain le dispositif disparaissait, qu'est-ce qu'on perdrait selon vous ? Quelles
en seraient les conséquences ?
s'est passé ?
● Travail accompli (l’œuvre)
□ Comment savez-vous que vous avez bien
fait votre travail ? - Rencontrez-vous parfois des difficultés à
faire du « bon travail » ? - Vous arrive-t-il de douter de la qualité de
votre travail ? Vous questionnez-vous
parfois sur le sens de votre travail ?
□ Y a-t-il des réalisations dont vous soyez
particulièrement satisfait(e) ? - Pourquoi cette réalisation vous satisfaitelle ?
- Y a-t-il eu un prix à payer pour parvenir
à ce résultat ? Quel est le coût de
l'accomplissement de votre travail ?
● Valeurs
□ Avez-vous été confronté à des choix
difficiles (en contradiction avec vos valeurs) ?
□ Avez-vous déjà dû faire quelque chose
contraire à vos convictions, à vos intentions ?
413
Tableau 27 : Guide d’entretien avec d’autres acteurs issus de la profession infirmière en psychiatrie et santé mentale
Types de
rapports Dimensions du récit
Types de questions
Approche longitudinale Approche latitudinale
Soi et autrui
au prisme du
travail et de la
formation
Les processus
biographiques
□ Pouvez-vous me parler de vous (âge, formation, métier, lieu d'exercice, fonction,
etc.) ?
□ Comment en êtes-vous arrivé(e) à exercer le métier d'infirmier(e) en psychiatrie ? - Quand avez-vous décidé de vous orienter vers cette profession ?
- Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir infirmier(e) ?
- Qu'est-ce qui vous a amené à choisir le champ de la santé mentale ?
- Pouvez-vous me raconter les étapes de votre parcours ?
- Etes-vous titulaire du diplôme d'ISP ou IDE ?
□ Pouvez-vous me raconter vos premières expériences comme infirmier(e) ?
Comment vous êtes-vous senti(e) ? Qu’est-ce qui vous a surpris ? Avez-vous craint de
vous être trompé(e) de voie ou au contraire vos choix ont-ils été confortés par
l’expérience ?
□ Quelles expériences vous ont marqué(e) dans votre vie d'infirmier(e) ? - Vos débuts
- Les tournants éventuels de carrière
- Les « événements historiques »
□ Le fait d’être un homme/une femme a-t-il eu des conséquences particulières dans
votre trajectoire professionnelle ? Pourquoi ? Pouvez-vous me donner un exemple ?
● Changement/Evolution
□ Comment se sont déroulés vos premiers
jours en tant qu'infirmier(e) ? - intégration dans le service
- rapport aux patients
- rapport à la pratique professionnelle
□ Qu'est-ce qui a changé depuis ? - Comment vous-êtes-vous adapté ?
● Relations intergénérationnelles
□ Avez-vous rencontré des difficultés à
travailler avec des générations plus
anciennes/plus jeunes ?
□ Avez-vous des désaccords sur la manière de
travailler ? Sur la façon d'agir en psychiatrie
et santé mentale ?
● Rapport au patient
□ comment ressentez-vous votre relation avec
les patients ?
□ s'agit-il pour vous d'une difficulté/facilité
particulière ?
□ Avez-vous été confronté(e) à des situations
difficiles ? Pouvez-vous me raconter ce qui
s'est passé ?
● Travail accompli (l’œuvre)
□ Comment savez-vous que vous avez bien
fait votre travail ? - Rencontrez-vous parfois des difficultés à
faire du « bon travail » ? - Vous arrive-t-il de douter de la qualité de
votre travail ? Vous questionnez-vous
Les processus
relationnels
□ Comment ressentez-vous votre relation avec les patients ? - Comment vous comportez-vous avec eux ?
- S'agit-il pour vous d'une difficulté/facilité particulière ?
□ Avez-vous l'occasion d'échanger sur vos pratiques, de partager votre expérience
avec des collègues, en particulier des plus jeunes ?
□ Vous sentez-vous épaulé(e)/accompagné(e) dans les situations délicates ? - Vous êtes-vous déjà retrouvé(e) dans une situation face à laquelle vous pensez
que vous n'auriez pas su réagir seul(e) ? - Au contraire, avez-vous en tête une situation où vous avez été accompagné(e) et
ou cela a compté ?
□ Pouvez-vous me donner un exemple d'une expérience de travail collectif qui pour
vous a été formatrice ?
□ Vous sentez-vous reconnu(e) dans votre activité professionnelle ? - Que dit-on de vous au travail/de votre travail (collègues, cadres, patients, …) ?
414
Les choses
comme construits
sociaux
concentrateurs
d'enjeux, formes
et dynamiques liés
à l'évolution du
contexte
Le métier et ses
évolutions
□ Pouvez-vous m'expliquer votre métier ? - Si demain je devais vous remplacer, que devrais-je faire ?
- Que me faudrait-il savoir ?
- Quelles sont les qualités humaines nécessaires ?
□ A quoi correspond selon vous le travail bien fait dans votre métier ? - Estimez-vous avoir de la marge de manœuvre pour mener à bien votre travail ?
Disposez-vous d'autonomie dans votre activité de soins ? - Au contraire, vous sentez-vous bridé(e), contraint(e) d'agir d'une certaine façon ?
□ Parmi les composantes de votre activité professionnelles, quelles tâches constituent
selon vous le cœur de métier ? - Considérez-vous avoir à accomplir des tâches ingrates ou du « sale boulot »
(entendues comme activités peu valorisantes ou qui ne devraient pas vous
revenir) ?
□ A quoi correspond selon vous le travail bien fait dans votre métier ? - Estimez-vous avoir de la marge de manœuvre pour mener à bien votre travail ?
Disposez-vous d'autonomie dans votre activité de soins ? - Au contraire, vous sentez-vous bridé(e), contraint(e) d'agir d'une certaine façon ?
□ Qu'est-ce qui vous anime dans votre activité professionnelle ? - Au contraire, qu'est-ce qui vous ennuie/vous démotive/vous épuise ?
□ Quels changements avez-vous remarqué dans la prise en charge des troubles
psychiques depuis que vous exercez ? - Lieux de prise en charge
- Pratiques professionnelles
- Formation des professionnels
□ Que pensez-vous du travail des jeunes infirmiers ? - Vous semblent-ils bien préparés ? Pensez-vous que le dispositif de
professionnalisation leur soit utile ? Observez-vous une évolution chez vos jeunes
collègues ?
□ Si demain le dispositif disparaissait, qu'est-ce qu'on perdrait selon vous ? Quelles
en seraient les conséquences ?
parfois sur le sens de votre travail ?
□ Y a-t-il des réalisations dont vous êtes
particulièrement satisfait(e) ? - Pourquoi cette réalisation vous satisfaitelle ?
- Y a-t-il eu un prix à payer pour parvenir
à ce résultat ? Quel est le coût de
l'accomplissement de votre travail ?
● Valeurs
□ Avez-vous été confronté à des choix
difficiles (en contradiction avec vos valeurs) ?
□ Avez-vous déjà dû faire quelque chose
contraire à vos convictions, à vos intentions ?
L’expérience infirmière en psychiatrie et santé mentale. Enquête sur les dynamiques
de professionnalisation et de construction du rapport au métier
Mots clés : professionnalisation, expérience, travail éducatif, enquête, rapport au métier,
psychiatrie, santé mentale
Résumé : Cette recherche traite des préoccupations de professionnalisation des infirmiers en
psychiatrie et santé mentale. Elle s’inscrit dans un contexte commandité via sa mise en œuvre
en convention industrielle de formation par la recherche (CIFRE). Commanditaire de ce travail,
l’établissement public de santé mentale Lille-Métropole a développé un dispositif dit de
« professionnalisation et tutorat » pour compléter une formation initiale jugée insuffisante après
que le diplôme d’infirmier de secteur psychiatrique, et la formation y conduisant, aient été
supprimés en 1992. La portée de ce dispositif est analysée à trois échelles, à partir d’une
démarche compréhensive. D’abord, celle de son inscription dans l’évolution historico-culturelle
du groupe professionnel. Ensuite, celle des acteurs mobilisés pour son fonctionnement. Enfin,
celui de son appropriation par les néo-infirmiers destinataires de ce travail éducatif institué par
le dispositif. Il est montré que le dispositif exprime une intention de (re)professionnalisation du
groupe social par l’institution d’une relation entre travail et formation. Celle-ci est mobilisée
comme axe analytique permettant d’examiner comment, dans l’expérience des néo-infirmiers,
se construit le rapport au métier. La question de la violence en psychiatrie est aussi examinée à
l’aune de cette relation pour étudier la manière dont elle est prise en compte dans les pratiques
infirmières. Enfin, le caractère commandité de cette recherche la positionne dans un système
d’attentes à plusieurs niveaux. Le chercheur est alors conduit à penser son implication et lui
donner une dimension interventionniste, ceci par la formation de certains acteurs du terrain.
Psychiatric and mental health nurses’ experience. Inquiry on dynamics of
professionalisation and building relationship with the craft
Keywords : professionalisation, experience, educative work, inquiry, relationship with the
craft, psychiatry, mental health
Abstract : This research confronts the concerns surrounding the professionalisation of
psychiatric and mental health nurses. It takes place in a financed context through its
implementation as a CIFRE programme (research and training agreement). As its sponsor, the
mental health care facility of the Lille Metropolitan area has set up a plan called
“professionalisation and tutoring” in order to complete nurses’ initial training, judged
insufficient since the psychiatric nurses’ degree and its associated training were shut down in
- The plan’s significance is analysed through three levels and from a comprehensive
approach. The first level regards its situation in the historical and cultural evolution of the
professional group. The second, that which concerns the plan’s actors getting involved to make
it work. The final level refers to the neo-nurses appropriation of the educative work instituted
by the plan. It is shown that the plan expresses an intention of (re)professionalising the social
group by establishing a relation between work and training. This third level is used as an
analytical line allowing the study of how, in neo-nurses’ experience, the relationship with the
craft is built. The theme of violence in psychiatry is also examined through the relation between
work and training to study how it is taken into account in the nurses’ practices. Finally, the
typicality of this research, financed by a sponsor’s funds, implies that it has to deal with a
system of expectations composed of different levels. Here, the researcher is made to consider
its involvement ve an interventionist dimension by training some actors of the fieldrelationnel infirmier en psychiatrie et sante mentale - texte de Mr Dominique Giffard -
U SITE "PSYCHIATRIE INFIRMIÈRE"
PROMOTION D'UN SOIN RELATIONNEL INFIRMIER EN PSYCHIATRIE
... Ou comment redonner son sens soignant à la parole infirmière.
L'article ci-dessous est un résumé d'une version intégrale parue dans la revue "Perspectives Psy", vol. 49 n°3, juil-sept 2010.
Un extrait a été publié par l'ACN en octobre 2010 dans "info nursing" n°156.
Contexte
Le changement d'orientation date du milieu des années 1980, mais cela est apparu en pleine lumière au début des années 1990: en France, sous prétexte d'économies et d'Europe, plusieurs décisions politiques catastrophiques pour la santé ont entraîné la destruction des soins relationnels en psychiatrie publique. Se fiant aveuglément à la vision simpliste et réductrice véhiculée -entre autres moyens- par le DSM-3, des décideurs incompétents ont saccagé les formations psychiatriques des professionnels, leur refusant l'assimilation des théories analytiques et de ses approches thérapeutiques spécifiques. En faisant cela ils ont ouvert la voie, accompagné puis favorisé l’implantation des lobbies pharmaceutiques au cœur des lieux de soins comme des instances décisionnelles.
Parallèlement a été programmée la suppression régulière des lits d'hospitalisation et des personnels qualifiés.
Ayant interrompu la formation d'infirmiers de secteur psychiatrique, ils tentent désormais de réduire l'offre publique de soin aux seuls traitements médicamenteux ou par électrochoc. La politique gestionnaire puis sécuritaire qu'ils mettent en place depuis 20 ans étouffe consciencieusement tout projet thérapeutique relationnel, quand elle ne stigmatise pas ouvertement la maladie mentale et les malades.
La Psychiatrie Française est en danger (voir le communiqué des CEMEA). A la notion de soin, à laquelle ils ne croient plus vraiment, les responsables politiques récents et actuels ont substitué (et non adjoint, comme la sectorisation psychiatrique l'aurait voulu) celle de resocialisation, de réhabilitation et de réadaptation au monde du travail. Ils viennent de rajouter dans une même logique l’enfermement sécuritaire. Mais en supprimant les formations et les lits puis en stigmatisant la folie, ils n'ont supprimé ni la maladie, ni la souffrance, ni les malades. Ils ont seulement rendu plus difficile l’approche soignante!
Nous sommes entrés dans un contexte généralisé de méconnaissance des réalités psychiatriques, de fermetures de lits et de services, de réduction d'effectifs soignants, d'entraves au soin pour cause de protocoles absurdes. Face à une politique irresponsable, décidée sans concertation et appliquée de manière agressive, il existe des moyens pour résister aux protocoles aseptisés, pour redonner du lien au cœur des démarches soignantes.
Introduction au soin infirmier
La politique française de santé mentale les concerne douloureusement et directement; les professionnels infirmiers ont donc leur mot à dire. Pour redonner son sens à l’approche soignante en psychiatrie, les professionnels infirmiers ont même des mots à dire: des mots soignants.
Parce qu’elle s’inspire fondamentalement des théories freudiennes et lacaniennes, l’approche relationnelle infirmière pose en préalable la singularité de la personne soignée, et sa capacité à s'exprimer en tant qu'être humain. Se référant aux expériences de l'hôpital spécialisé de St Alban, de l'école de Maud Mannoni à Bonneuil ou encore de la structure Santé Mentale et Communauté à Villeurbanne, le soin relationnel infirmier s'appuie sur l'échange verbal, la discussion thérapeutique et l'ouverture à l’autre. Il préserve ainsi l’aspect humain d'un soin psychiatrique du quotidien.
Pierre Delion:(1) "la psychiatrie est une branche de la médecine qui prend la responsabilité de traiter les maladies mentales. Mais dans cette discipline, plus encore que dans les autres, la personne qui porte les symptômes psychiatriques doit être prise en considération et accueillie avec la plus grande attention: il s’agit donc d’une médecine de l’humain.
L’importance de l’humain est en rapport direct avec le fait que souvent la rencontre avec le malade mental se produit au moment le moins propice à sa reconnaissance en tant qu’autrui, puisqu’il vient au contact du psychiatre et de son équipe à un moment de décompensation (dépression, suicide, délire, passage-à-l’acte, manifestations inhabituelles, bizarres, étranges, retrait). Il y a donc lieu de travailler une fonction d’accueil qui permette une rencontre avec cet autrui en déshérence psychopathologique. Cette ambiance accueillante sera déterminante pour approcher le patient, pour entrer en contact et faire connaissance avec lui dans le temps et dans l’espace".
Maintien du lien et mise à distance
En maintenant le contact, la parole autorise la mise à distance. Elle participe ainsi à la reconnaissance de la personne en tant que sujet autonome, apte à entretenir des relations avec son entourage.
La parole a aussi un pouvoir contenant et de pare-excitation. En créant et en enrichissant les échanges entre les individus, elle autorise l’expression du ressenti et des élans pulsionnels. Dans le même temps, elle permet à l’auditeur de les recevoir.
Ces aspects de la parole trouvent, dans le soin infirmier hospitalier et extra-hospitalier une incidence directe tant au niveau des instances particulières de la thérapie (entretiens ou activités) qu’au niveau de la vie quotidienne, partagée par l’équipe soignante et les patients (accueil, discussions, accompagnements, repas…).
La parole participe pleinement au soin des patients
Quand l'infirmier reconnaît la possibilité profondément soignante de la parole, qu'elle soit parole échangée, donnée, reçue, ou simplement permise... quand il lui re-connaît son pouvoir thérapeutique, alors la parole re-devient soignante. Elle acquiert un sens. C'est cet outil relationnel qui fait de l'infirmier psychiatrique un ‘soignant de la relation’.
R. Menahem(2): "La fonction essentielle de cet instrument qu’est une langue est celle de communication. Toutefois les langues ont également deux fonctions secondaires, l’une de servir de support à la pensée, et l’autre d’être un moyen d’expression… Mais, bien avant de servir à communiquer, le langage sert à vivre".
Pratique soignante
La parole permet de contenir
L’hôpital doit être vécu par le patient hospitalisé comme un lieu sécurisant, capable de lui donner les moyens de ‘vivre-avec’ (et non ‘vivre-par’) son handicap. L’infirmier psychiatrique devra établir ici, au niveau verbal, des relations de soin propices à l’établissement d’une ‘aire sécurisante’ et rester disponible, à l’écoute du discours des patients, les rassurant ainsi par sa présence et sa disponibilité. Notons qu’écouter le patient c’est le reconnaître en tant que sujet de son discours. Un écueil menace en effet toute approche trop ‘maternante’.
M. Sassolas(3): "un fonctionnement trop maternant qui, en protégeant sans cesse le patient contre toute émergence de conflit et d’angoisse (au niveau de la vie quotidienne par exemple) ne lui permet pas de s’exprimer en tant que sujet désirant et conflictuel en face des soignants, des autres patients et du monde extérieur… le disqualifie en tant que sujet".
Remarquons qu’au quotidien, l’infirmier exerçant en psychiatrie pourra participer à la reconnaissance du patient en tant que sujet à travers par exemple des remarques telles que "avez-vous bien mangé? Avez-vous bien dormi? Qu'avez-vous pensé de ce film?"... etc.
Fonction de pare-excitation
Un objectif de soin sera de faire reconnaître au patient les angoisses qui l’assaillent en les lui nommant. Savoir soi-même gérer l’angoisse que le patient provoque est thérapeutique car on lui communique, par la parole, à la fois le calme et la manière d’y parvenir. Aussi l’équipe devra t’elle préserver sa capacité d’écouter l’agressivité, de recevoir en elle-même les violences et les expressions des angoisses. Cet aspect de pare-excitation permet au patient de se ‘vider’ de ses transports agressifs, de communiquer et de recevoir en retour une élaboration de ses affects.
Repères dans l’espace et le temps
La parole sert à la localisation dans l’espace. Elle permet en effet de préciser l’emplacement des différents lieux usuels auprès des personnes démentes, désorientées ou tout simplement nouvelles dans la structure.
La parole sert aussi à se situer dans le temps: on retiendra ainsi son aspect de repères dans le quotidien, que ce soit au niveau des entretiens infirmiers, des informations transmises, des rappels de l'heure pour les activités ou simplement du "bonjour" du matin.
Décharge des pulsions
Notons qu’un des aspects essentiels du langage est la décharge des pulsions. "Le langage permet d’exprimer les mouvements pulsionnels. Dans ma perspective, cela correspond à la fonction primordiale du langage…", nous dit R. Menahem(2).
La parole sert de tiers
Afin d’éviter toute relation de fascination ou de rejet, l’équipe pluridisciplinaire a un rôle de référence à tenir, en tant que tiers, face aux relations duelles soignant/soigné que les prises en charge peuvent par ailleurs fortement induire.
M. Sassolas: "en effet, tout ce qui est fait en commun par les soignants et les patients risque toujours, si l’on n’y prend garde, d’être l’occasion pour eux de dénier ce qui fait problème entre eux et nous, c’est-à-dire justement cette spécificité, cette différence. L’objectif est de créer une situation de soins rendant tolérable et dynamisante cette différence, non de l’escamoter. La nier serait s’engager sur le chemin dangereux d’une illusion qu’un jour ou l’autre la vie viendrait douloureusement démentir: nous ne sommes ni les parents, ni les frères, ni les conjoints de nos patients. Illusion d’autant plus nocive qu’elle fait écho à cet autre déni présent dans la tête de ces patients, celui de la double pierre angulaire de toute réalité humaine: la différence des générations et la différence des sexes".
La parole sera ici un des vecteurs séparateurs, et donc réparateurs, autant par les questions et remarques posées à l’infirmier sur sa prise en charge –M. Mannoni(4): "L’autre, le tiers, vient offrir quelque chose qui n’a rien à voir avec l’action du moment et fait rupture, ce qui est le contraire de faire arbitrage. L’issue est toujours dans le tiers, dans quelqu’un d’extérieur, dans la parole…"–, que par les réponses fournies par lui à l’équipe.
Il y a en effet dans le ‘rendre-compte’ une distanciation par rapport à l’objet du discours, en l’occurrence le patient. M. Sassolas(5): "ce tiers a pour effet de transformer radicalement une situation à deux en une situation à trois, et constitue le meilleur garant contre l’omnipotence réciproque du patient et du soignant, source fréquente d’enlisement fusionnel de la situation thérapeutique".
L’après coup : un aspect important du soin
Une étape importante dans le soin est la réflexion commune de l’équipe (lors de réunions par exemple, ou en discutant de manière informelle) sur son vécu propre face à un patient.